Regards croisés

Le nombre de retraités est passé de 4,1 millions en 1975 à 13,5 millions en 2015 en France. On estime qu il atteindra 25 millions en 2060. Dans ce contexte, le financement des pensions de retraite est au cœur des inquiétudes. L épargne retraite prend alors tout son sens pour compléter le système public de répartition, dont la générosité sera sans doute difficile à maintenir. Eric Jeanneau et Paul Le Bihan, respectivement Président et Directeur général de l UMR, livrent leurs visions.

Quel bilan dressez-vous de l année 2019 ?

Paul Le Bihan : Elle a été marquée par un ralentissement de la croissance mondiale, à 3 %, le rythme le plus lent depuis la crise de 2008. L emprunt de l Etat français à 10 ans est passé de 0,71 % au 31 décembre 2018 à 0,12 % au 31 décembre 2019, après une incursion en territoire négatif. Cette baisse des taux est, entre

ACCOMPAGNER L ENTRÉE DANS UNE SOCIÉTÉ DE LA LONGÉVITÉ

autres, la conséquence de la reprise de l assouplissement quantitatif par la Banque Centrale Européenne. La faiblesse des primes de risque combinée à des taux souverains le plus souvent négatifs aboutit à des rendements très bas sur le marché obligataire. Eric Jeanneau : Cette baisse des taux souligne que nous n accordons que peu de valeur économique à l avenir. Paradoxalement, nous prenons

conscience que nous entrons dans une société de la longévité. Crise des EHPAD, rapport Libault sur le grand âge et la perte d autonomie, réforme des retraites en cours, loi Pacte qui remodèle les produits d épargne retraite Tout indique la nécessité pour la société d anticiper le vieillissement de la population.

Au moment où nous réalisons cette interview, au-delà de la crise sanitaire

RAPPORT ANNUEL 20194