Niveau de vie des retraités

un mauvais ressenti pas complètement injustifié

 

Selon une enquête réalisée par l’IFOP pour le compte du Cercle de l’Épargne au mois de septembre 2020, 68 % des Français estiment que leurs pensions sont ou seront insuffisantes pour vivre à la retraite.

 

Si le niveau de vie des retraités est aujourd’hui, selon l’INSEE, supérieur d’environ 10 points à celui de l’ensemble de la population (ces dernières années), le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) relève dans son dernier rapport que le pouvoir d’achat des personnes à la retraite a tendance à baisser.

 

56 % des actuels retraités considèrent que leurs pensions sont insuffisantes. Les Français détenteurs d’au moins un produit d’épargne sont moins inquiets que les autres. Ceux qui ont investi une partie de leur épargne dans des placements à risques comptent parmi les plus optimistes en ce qui concerne leur pouvoir d’achat à la retraite (+18 points par rapport à la moyenne).

 

Les personnes qui ont souscrit un produit d’épargne retraite sont également plus confiantes par rapport au reste de la population (+8 points). La capacité de mettre de l’argent de côté est un facteur évidemment rassurant pour le maintien de son niveau de vie à la retraite. Il convient de souligner que plus d’un Français sur deux déclare mettre de l’argent de côté afin de se garantir un minimum de revenus à la retraite.

 

Jusque vers 2010, le niveau de vie moyen des retraités augmentait régulièrement. Il s’est stabilisé de 2010 à 2017 avant de s’éroder selon les enquêtes sur les revenus réalisées par l’INSEE. Selon le COR, le montant moyen des pensions devrait continuer à augmenter par le jeu du renouvellement des générations. Les personnes qui décèdent ont des pensions plus faibles que celles qui liquident leurs droits. Ce phénomène concerne tout particulièrement les femmes qui avaient dans le passé de toutes petites retraites car rares pouvaient justifier d’une carrière complète.

 

Malgré cet effet dit de « noria » le niveau de vie relatif des retraités est amené à décliner dans les prochaines années. Il devrait se situer entre 88 et 92 % de celui de l’ensemble de la population en 2040 et entre 75 et 83 % en 2070. Les gains de niveau de vie des trente dernières années seront ainsi effacés.

 

En neutralisant les conséquences des entrées et sorties et en s’intéressant à l’évolution des pensions des seuls retraités, la baisse du pouvoir d’achat est bien plus marquée. Ainsi, entre son départ à la retraite et 2019, en moyenne, un non-cadre né en 1942 a perdu près de 4 % de pouvoir d’achat. La baisse est encore plus forte pour un cadre. La désindexation des pensions, la CSG et l’augmentation de l’impôt sur le revenu expliquent cette évolution. Pour les prochaines années, l’évolution du pouvoir d’achat dépendra des règles d’indexation qui seront retenues.

 

La tendance de dépréciation des pensions devrait se poursuivre d’autant plus que la crise sanitaire provoque une forte dégradation des comptes des régimes de retraite. L’arrivée à la retraite des classes d’âge nombreuses nées dans les années 1960 ne fera qu’accentuer les déséquilibres financiers.