Les épargnants français sont résilients
Epargne et patrimoine
Le taux d’épargne des ménages correspond d’une part au remboursement du capital des emprunts et d’autre part de l’épargne financière proprement dite. La première composante de l’épargne est contrainte car fonction des remboursements à réaliser pour s’acquitter de sa dette ; la seconde est volontaire et varie plus fortement au gré des circonstances économiques et financières. La composante immobilière tend sur longue période à augmenter en raison de l’endettement croissant des ménages. Elle représente en moyenne plus des deux tiers de l’effort d’épargne des ménages. En 2018, elle s’élevait à 10,2 % du revenu disponible brut contre 4,2 % pour la composante financière.
Cette dernière a fluctué tout au cours de l’année. Elle est ainsi passée du premier au quatrième trimestre est de 3,5 à 5,1 % soit un gain de 1,6 point. Cet accroissement explique, en totalité, l’augmentation du taux d’épargne au cours de l’année 2018.
En 2018, les ménages ont privilégié la liquidité et la sécurité. L’encours des dépôts à vue détenus par les ménages a atteint un nouveau sommet avec plus de 415 milliards d’euros. De même, l’encours des Livrets A, des LDDS et des fonds euros sont à leur plus haut historique. Même si leur encours est inférieur à leur niveau de 2008, les livrets bancaires fiscalisés ont enregistré une forte hausse en 2018, +10 milliards d’euros. L’effet « gilets jaunes » a certainement joué en faveur de la hausse du taux d’épargne en fin d’année. Le caractère anxiogène des évènements a conduit les ménages à renforcer leur enveloppe d’épargne de précaution. Par ailleurs, de manière assez classique, quand l’inflation augmente, les épargnants augmentent leurs versements. Ce phénomène répond à un effet d’encaisse. Pour maintenir constant, la valeur de leur épargne, il faut compenser sa dépréciation générée par la hausse des prix. En outre, les ménages veulent se prémunir d’une augmentation à venir des prix qui risque de réduire leur pouvoir d’achat en se constituant une réserve.
En revanche, les produits d’épargne retraite ont souffert de l’année blanche fiscale instituée dans le cadre de l’instauration de la retenue à la source. En 2018, l’avantage fiscal est supprimé et celui de 2019 est calculé en retenant la moyenne des versements effectués cette année et l’année dernière. Cette modification des règles a conduit les épargnants n’ayant pas choisi d’effectuer des versements réguliers à attendre 2020.
Pour le premier semestre 2019, l’INSEE s’attend au maintien d’un fort taux d’épargne. Les ménages mettraient de côté une partie des gains procurés par les mesures annoncées par le Président de la République en décembre et par le versement de l’acompte de 60 % des réductions d’impôt intervenu mi-janvier. Le taux d’épargne pourrait se réduire avec la prise en compte par les ménages de la décélération de l’inflation. Le contexte économique et social jouera un rôle important dans l’évolution du taux d’épargne des ménages.
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