Des trimestres et des âges !
Conditions de départ et montant de pensions à la retraite
Dans le système actuel de retraite, des conditions d’âge existent. Elles peuvent être liées à des durées de cotisation ou à des critères d’âge. Les mesures d’âge jouent tout à la fois sur le versement des cotisations et sur celui des prestations.
Le report de l’âge légal a l’effet le plus rapide et le plus important. Ainsi le passage de 60 à 62 ans aura généré un gain de 20 milliards d’euros quand le passage de 42 à 43 ans devrait générer, d’ici 2040, un gain de 10 milliards d’euros.
La durée de cotisation, un facteur important dans le système actuel
Pour toutes les générations nées avant 1975, première génération concernée sous réserve d’adoption par la réforme des retraites, le départ à la retraite et le montant de pensions restent conditionnés par la validation d’un certain nombre de trimestres.
Pour obtenir la retraite à taux plein, il faut avoir validé entre 166 et 172 trimestres en fonction de sa date de naissance :
- 166 trimestres, pour les personnes nées en 1955, 1956 et 1957 ;
- 167 trimestres, pour les personnes nées en 1958, 1959 et 1960 ;
- 168 trimestres, soit 42 ans, pour les personnes nées en 1961, 1962 et 1963 ;
- 169 trimestres, pour les personnes nées en 1964, 1965 et 1966 ;
- 170 trimestres, pour les personnes nées en 1967, 1968 et 1969 ;
- 171 trimestres, pour les personnes nées en 1970, 1971 et 1972 ;
- 172 trimestres, soit 43 ans, pour les personnes nées à partir de 1973.
La durée de cotisation a été portée de 42 à 43 ans par la réforme dite Touraine de 2014.
Les trimestres validés sont constitués de trimestres cotisés et de trimestres validés
Les trimestres cotisés validés sont ceux durant lesquels les actifs ont cotisé sur la base d’au minimum de 150 fois le SMIC horaire au 1er janvier de l'année concernée. En 2019, il faut avoir au moins gagné sur un trimestre 1 504,50 euros pour un trimestre, soit 6 018 euros pour valider l’année entière (donc 4 trimestres). Un actif n’atteignant pas ce minimum ne peut pas valider de trimestre.
Les trimestres assimilés
À l’inverse des trimestres cotisés qui ne sont pas forcément tous validés, des trimestres non cotisés peuvent être portés au crédit de l’assuré même en l’absence de cotisations. Les trimestres assimilés sont liés à des situations particulières de la vie professionnelle ou privée de l’assuré. Cela concerne les périodes de :
- chômage ;
- congé maternité ou congé paternité ;
- maladie ;
- service militaire ;
- stage de formation professionnelle ;
- diverses autres situations très spécifiques concernant les expatriés, les personnes en détention préventive, etc.
Les critères d’âge
62 ans, âge légal de départ à la retraite
L’âge légal correspond à l’âge minimum requis pour pouvoir faire valoir ses droits à retraite auprès du régime de base. À partir de cet âge, il est possible, mais non obligatoire, de partir à la retraite. Depuis la réforme des retraites adoptée le 9 novembre 2010, l’âge légal de la retraite est progressivement passé de 60 à 62 ans. La mesure s’applique pleinement aux assurés du régime général nés à partir de 1955.
Liquider ses droits à retraite à l’âge légal n’implique pas, pour l’assuré qu’il pourra nécessairement prétendre à une retraite à « taux plein ». Pour bénéficier d’une retraite à taux plein, l’assuré doit satisfaire une durée d’assurance qui est variable selon sa date de naissance. La durée validée comprend les trimestres cotisés au titre d’un emploi, les trimestres cotisés au titre de l’assurance-vieillesse des parents au foyer (AVPF), les trimestres dits « assimilés » (notamment au titre du chômage, de la maladie, de la maternité, de l’invalidité, du service militaire, de la préretraite), les trimestres de majoration de durée d’assurance (MDA), notamment pour la naissance et l’éducation des enfants ainsi que, le cas échéant, les trimestres de majoration de durée d’assurance ou de bonification propres à certains types d’emploi.
En principe, seuls les assurés justifiant la durée d’assurance requise peuvent bénéficier d’une retraite à taux plein. À défaut, les pensions allouées sont minorées, le taux appliqué pour calculer la pension étant de fait réduit. La décote appliquée à la pension est déterminée en fonction du nombre de trimestres manquants ou de l’écart en trimestres entre l’âge de liquidation et l’âge d’annulation de la décote.
Réciproquement, face à l’allongement de l’espérance de vie et au vieillissement, parallèlement à la décote, un dispositif de surcote a été introduit en 2003 par la réforme Fillon des retraites. Ainsi, les assurés justifiant d’une durée d’assurance suffisante et poursuivant une activité professionnelle après avoir atteint l’âge légal, continuent à accumuler des droits et bénéficient à ce titre d’une majoration de pension, dépendante du nombre de trimestres supplémentaires travaillés. Les trimestres assimilés (en période de chômage, de maladie ou d’accident du travail…) acquis au cours de la prolongation d’activité ne sont pas pris en compte pour le calcul de la surcote.
A noter
Le relèvement de l’âge d’ouverture des droits a été transposé aux régimes spéciaux, mais selon un autre calendrier.
Pour les agents civils de la fonction publique, la liquidation peut intervenir si le fonctionnaire atteint « l’âge mentionné à l’article L. 161-17-2 [l’âge d’ouverture des droits] du Code de la Sécurité sociale » ou « 57 ans s’il a accompli au moins dix-sept ans de services dans des emplois classés dans la catégorie active ».
Les départs possibles avant 62 ans
À la règle détaillée ci-dessus, il existe de nombreuses exceptions autorisant les assurés à prendre leur retraite avant 62 ans. Le législateur a admis dans quatre cas spécifiques des départs anticipés à la retraite.
Le départ anticipé pour carrière longue
Dispositif introduit par la loi Fillon de 2003, le départ anticipé pour carrière longue est applicable, pour les salariés du secteur privé, depuis le 1er janvier 2004. Ce dispositif amendé à plusieurs reprises, tantôt en vue d’en limiter les effets ou au contraire afin d’élargir le nombre de bénéficiaires, permet aux assurés ayant commencé à travailler jeunes de faire valoir leurs droits à retraite plus tôt. Ce dispositif est ouvert aux salariés ayant commencé une activité avant l’âge de 20 ans. Ces derniers doivent justifier d'une durée minimale d'assurance cotisée, tous régimes de base obligatoires confondus ainsi que d'une durée d'assurance minimale en début de carrière.
Les conditions de durée d'assurance varient en fonction de l’année de naissance de l’assuré, de l’âge à partir duquel le départ à la retraite anticipée est envisagé et de l’âge à partir duquel l’assuré a commencé à travailler.
En 2016, les départs anticipés pour carrière longue représentaient 19 % à 32 % des départs selon les régimes.
Le départ anticipé pour handicap
Les personnes reconnues handicapées peuvent, sous certaines conditions, partir à la retraite dès l’âge de 55 ans. Ce dispositif applicable à compter du 1er juillet 2004 vise les assurés justifiant d’une incapacité permanente d’un taux au moins égal à 80 % et remplissant une condition de durée minimale d’assurance validée et cotisée. Il a été par ailleurs étendu en 2010 aux assurés bénéficiant de la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (mentionnée à l’article L. 5213-1 du Code du travail).
La réforme de 2014 assouplit le dispositif et remplace les deux conditions de reconnaissance du handicap (taux d’incapacité au moins égal à 80 % ou reconnaissance du statut de travailleur handicapé) par un critère unique.
Ainsi, depuis le 1er janvier 2015, les assurés justifiant d’une incapacité permanente d’au moins 50 % ou d’une situation équivalente peuvent demander la liquidation de leur retraite de manière anticipée dès lors qu’ils remplissent ailleurs la condition de durée minimale d’assurance cotisée et validée.
Le départ anticipé pour les travailleurs de l’amiante
Les mesures d’âge figurant dans la loi du 9 novembre 2010 ne s’appliquent pas aux travailleurs de l’amiante. De ce fait, les bénéficiaires de l’allocation des travailleurs de l'amiante (ATA) peuvent partir à la retraite dès 60 ans dès lors qu’ils justifient de la durée requise pour le taux plein.
Par ailleurs, le taux plein leur est accordé dès 65 ans, quelle que soit leur durée d’assurance.
Les départs anticipés pour incapacité permanente et pénibilité
La loi de 2010 portant réforme des retraites a ouvert un droit à la retraite à taux plein dès l’âge de 60 ans pour les personnes ayant eu une carrière pénible.
Peuvent bénéficier du taux plein dès l’âge de 60 ans, les assurés justifiant d’une incapacité permanente supérieure ou égale à 10 %, reconnue au titre d’une maladie professionnelle (MP) ou d’un accident du travail (AT) ayant entraîné des lésions identiques à celles indemnisées au titre d’une maladie professionnelle.
Les assurés du régime général et des régimes de protection sociale agricole, dont le taux d’incapacité reconnue est compris entre 10 % et 19 %, doivent en outre avoir été exposés au moins pendant dix-sept ans à des facteurs de risques professionnels pour pouvoir bénéficier du dispositif.
La durée d’exposition a néanmoins été supprimée pour certains facteurs à savoir :
- les manutentions manuelles de charges,
- les vibrations mécaniques,
- les postures pénibles,
- les agents chimiques dangereux.
Dans ces quatre cas, il n’est, par ailleurs, plus demandé aux assurés concernés d’établir un lien direct entre leur incapacité permanente et l’exposition aux facteurs de risque.
L’ordonnance précitée du 22 septembre 2017 relative à la prévisibilité et la sécurisation des relations de travail revient plus généralement sur le dispositif du compte pénibilité introduit par la réforme 2014 des retraites qui avait instauré un compte personnel de prévention de la pénibilité (C3P) pour les salariés des employeurs de droit privé et les travailleurs employés par des personnes publiques dans les conditions du droit privé exposés à des facteurs de risques professionnels.
En autorisant un départ à 60 ans dans les quatre cas précités, le nombre de risques pris en compte dans ce qui a été rebaptisé « compte professionnel de prévention » (C2P) est limité aux six cas suivants :
- travail de nuit,
- travail en équipes successives alternantes,
- travail répétitif caractérisé par la répétition d'un même geste, à une fréquence élevée et sous cadence contrainte,
- activités en milieu hyperbare,
- températures extrêmes,
- bruit.
Les assurés confrontés à ces six risques professionnels peuvent acquérir des points dont le nombre varie en fonction des facteurs de risques et de l'âge du salarié. Ces points acquis sur l'année par le salarié sont reportés sur son compte une fois par an, à la suite de la déclaration de son employeur. Les points acquis peuvent permettre à l’assuré de bénéficier un départ anticipé à la retraite de deux ans maximum avant l’âge d’ouverture des droits grâce à l’acquisition de trimestres supplémentaires (dans la limite de 8 trimestres) et majorer leur durée d'assurance pour la retraite.
Les points du compte pénibilité peuvent également servir pour la formation professionnelle ou le passage à temps partiel sans perte de salaire.
A noter
Dans la fonction publique, il existe plusieurs possibilités de départ sans condition d’âge minimal.
Si ces départs peuvent intervenir à tout âge, dès lors que le fonctionnaire a validé quinze années de services, les pensions versées sont proratisées en fonction de la durée validée.
Si le nombre de trimestres validés est faible par rapport au nombre de trimestres requis pour obtenir le taux plein, les pensions seront donc réduites.
Sont éligibles à ce type de départ anticipé, les fonctionnaires atteints d’une infirmité ou d’une maladie incurable ou accompagnant un conjoint dans cette situation, les fonctionnaires quittant leur administration à la suite d’une invalidité et les parents d’enfants vivants atteints d’une invalidité égale ou supérieure à 80 % pour lesquels ils ont dû interrompre leur activité professionnelle.
Des possibilités de départ similaires existent pour les militaires. Des dispositifs similaires existent dans les régimes spéciaux (Caisse de Prévoyance et Retraite du personnel de la SNCF, Caisse nationale des industries électriques et gazières, etc).
67 ans, l’âge du taux plein
Le taux de liquidation dit à « taux plein » de la retraite de base, correspond au taux maximum de calcul d’une pension de retraite. Il est de droit à 67 ans, âge à partir duquel il n’est pas fait application d’une décote en cas d’un nombre de trimestres cotisés ou validés insuffisants. Avec la réforme de 2010, l’âge de la retraite à taux plein a été passé de 65 à 67 ans.
Dans certains cas, afin de tenir compte de situations particulières, le report de l’âge du taux plein ne s’applique pas. Ainsi peuvent, sous conditions, prétendre au taux plein dès 65 ans voire avant malgré la mesure de report d’âge :
- Les assurés handicapés ou s’étant occupés d’un proche handicapé
- Pour les générations 1955, les parents d’au moins trois enfants
- Les mères ouvrières d'au moins 3 enfants
- Les anciens combattants ou prisonniers de guerre
- L’âge pivot des régimes complémentaires
Comme pour la retraite de base, les assurés du régime général peuvent faire valoir leur droit à retraite à l’âge légal fixé à 62 ans à partir de la génération 1955. L’Accord National Interprofessionnel du 30 octobre 2015 a institué un système de bonus/ malus afin de rééquilibrer les comptes du régime AGIRC/ARRCO.
Depuis le 1er janvier 2019, il a été introduit un coefficient dit « de solidarité » qui se traduit par une minoration de 10 % de la pension de retraite complémentaire dans la limite de 3 ans. Cette minoration potentielle concerne les assurés nés à partir de 1958. Ce malus ne s’applique pas aux assurés qui continuent à travailler quatre trimestres au-delà de l’âge à partir duquel ils peuvent bénéficier de la retraite à taux plein dans le régime général. La minoration ne s’applique aux pensions touchées au-delà de 67 ans. Inversement, les salariés qui remplissent les conditions du taux plein au régime de base et qui reportent la liquidation de leur retraite complémentaire d’au moins huit trimestres bénéficieront d’une majoration de leur retraite complémentaire pendant un an. La majoration est de :
- 10 % en cas de report de la liquidation de ses droits au titre de la retraite complémentaire 2 ans plus tard,
- 20 % en cas de décalage de leur retraite complémentaire de 3 ans,
- 30 % en cas de décalage de leur retraite complémentaire de 4 ans.
A noter
La minoration ne concerne ni les retraités exonérés de CSG, ni les assurés handicapés. Pour ceux assujettis au taux réduit de la CSG, l’abattement est limité à 5 %. Quoi qu’il en soit, cet abattement de 10 % disparaît à 67 ans, âge de la retraite à taux plein.
70 ans, l’âge de la mise à la retraite d’office
L’âge de mise à la retraite d’office est l’âge à partir duquel un employeur du secteur privé peut se séparer d’un salarié sans avoir à le licencier même si ce dernier ne souhaite pas partir à la retraite. La loi de financement de la Sécurité sociale de 2009 a reporté à 70 ans l’âge limite de la mise à la retraite d’office.
Depuis l’entrée en vigueur de cette mesure, un employeur doit obtenir l’accord de son salarié pour le mettre à la retraite. Ce dernier doit par ailleurs avoir atteint l'âge légal d’ouverture des droits. À défaut d’accord, l’employeur doit attendre un an pour lui reposer la question. À 70 ans, en revanche, l’employeur peut sans l’accord du salarié le mettre à la retraite d’office.
Dans la fonction publique, la limite d'âge est l'âge auquel le fonctionnaire est mis à la retraite d'office. Cet âge est de 67 ans pour les fonctionnaires de catégorie sédentaire et 57 ou 62 ans pour les fonctionnaires de catégorie super-active ou active. Des dérogations pour enfant, pour carrière incomplète ou pour raison de service en cas d’emploi de direction permettent toutefois aux agents de travailler au-delà de ces limites d’âge.
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