13.04.2023

Dépendance : les aidants qui sont-ils ?

En 2021, 2,75 millions de personnes souffrent d’au moins une limitation fonctionnelle et 1,3 million de personnes sont attributaires de l’Allocation Personnalité d’Autonomie soit 7,4 % de la population de 60 ans. Selon l’enquête Vie quotidienne et santé de la DREES du ministère de la Santé et des Solidarités, 9,3 millions de personnes ont déclaré apporter une aide régulière à une personne en situation de handicap ou de perte d’autonomie vivant dans le même logement ou ailleurs.

En France, 14,8 % des personnes âgées de 5 ans ou plus sont ainsi des proches aidants.

  Les formes multiples de l’aide aux personnes dépendantes

L’aide régulière prend plusieurs formes : aide dans les activités de la vie quotidienne, soutien moral ou aide financière. 6,4 millions de personnes âgées de 5 ans ou plus aident moralement une personne dépendante.

 

Les mineurs représentent 368 000 personnes sur ce total. 5,7 millions personnes mentionnent exercer une aide à la vie quotidienne et 1,3 million une aide financière. 3,0 millions déclarent apporter à la fois une aide à la vie quotidienne et un soutien moral avec ou sans aide financière. 650 000 adultes déclarent apporter les trois formes d’aide. 3,1 millions de personnes déclarent apporter uniquement un soutien moral régulier et 2,6 millions uniquement une aide régulière à la vie quotidienne.

La proportion des aidants est fonction de l’âge 

Le pourcentage de personnes se déclarant proches aidants augmente avec l’âge jusque vers 60 ans, puis tend à décroître jusqu’à 80 ans avant de remonter en lien avec la prévalence de la dépendance des conjoints âgés. Un quart des 55 à 64 ans indique être un aidant. Ainsi dans leur grande majorité, les aidant(e)s sont elles-mêmes ou eux-mêmes des personnes âgées.

Proportion des aidants apportant une aide régulière par tranche d'âge en %

  Une surreprésentation des femmes

Parmi les adultes, les femmes déclarent plus souvent que les hommes apporter une aide régulière. Elles sont surreprésentées parmi les personnes se déclarant proches aidants, 56 %, quand elles représentent 52 % de la population adulte en France. Cette surreprésentation concerne autant les activités de la vie quotidienne que le soutien moral.

 

En revanche, en lien avec des revenus plus faibles que ceux des hommes, les femmes sont sous-représentées parmi les personnes déclarant aider financièrement les personnes dépendantes. 

Proportion des femmes parmi les aidants fournissant une aide régulière en %

  Les aidants en moins bonne santé déclarée que l’ensemble de la population 

Les aidants se déclarent moins souvent que le reste de la population en bonne ou en très bonne santé. Parmi les femmes aidantes, 66 % déclarent un état de santé « bon » ou « très bon », contre 72 % de l’ensemble des femmes.

 

Parmi les hommes aidants, 67 % déclarent un état de santé « bon » ou « très bon », contre 76 % de l’ensemble des hommes. Les écarts sont encore plus nets en ce qui concerne l’affirmation « en très bonne santé ».

 

La santé des aidants se dégrade, à âge égal, plus vite que celle des non-aidants. Le développement des services d’hébergement temporaire, d’aide à domicile et autres plateformes de répit pour les aidants constitue une nécessité mais exige un nombre suffisant de personnes prêtes à assumer ces missions. 

Des différences marquées selon les territoires 

D’une région à l’autre, la part des personnes âgées de 5 ans ou plus qui se déclarent proches aidants varie assez fortement même en tenant compte des structures démographiques des territoires étudiés.

 

La proportion d’aidants atteint un maximum en Martinique à 21,7 %, contre 14,8 % pour l’ensemble de la France. Ce taux est de 18,1 % en Guadeloupe, de 18,4 % à la Réunion (18,4 %) et, de 16 % à Mayotte ainsi qu’en Guyane.

 

En France métropolitaine, le taux le plus élevé est constaté en Provence-Alpes-Côte d’Azur (15,8 %) et dans les Hauts-de-France (15,7 %). Le taux est, en revanche, le plus faible dans les Pays de la Loire (12,4 %), en Bretagne (13,0 %), en Bourgogne Franche-Comté (14,0 %) et en Normandie (14,2 %).

Part d’aidants apportant une aide régulière en %

La proportion des aidants croît évidemment avec le nombre de personnes dépendantes, ce qui explique que leur surreprésentation dans certaines régions (Hauts-de-France, PACA). Le nombre de dépendants est proportionnellement moins élevé en Île-de-France, en Bretagne et dans les Pays de la Loire. La présence d’établissements spécialisés explique également les différences dans les taux d’aidants. Au sein des agglomérations, le nombre d’EHPAD est plus élevé. 

 

Avec l’arrivée aux grands âges des premières générations du baby-boom, le nombre de personnes dépendantes devrait augmenter fortement ses prochaines années. D’ici 2040, il pourrait doubler pour dépasser les 2,4 millions.

 

En parallèle, le nombre d’aidants pourrait diminuer en lien avec l’éclatement des structures familiales et l’éloignement géographique qui limitent d’autant les solidarités familiales. Autre raison, l’allongement de l’espérance de vie qui conduit à retarder la prévalence de la dépendance. Les enfants des personnes dépendantes sont de ce fait, eux-mêmes de plus en plus âgés et moins susceptibles d’aider leurs aînés.

 

Dans le même temps, le manque d'attractivité de la filière des services et soins au grand âge, et les difficultés de recrutement qui en résultent, expliquent que les structures d’aide à domicile parviennent de plus en plus difficilement à répondre à la demande des familles. 

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