Pouvoir d’achat et retraités
Pour les deux tiers des Français, selon une enquête menée depuis de nombreuses années par le Cercle de l’Épargne, le montant des pensions ne permet ou ne permettra pas de vivre correctement à la retraite.
L’acuité de ce problème est encore plus marquée avec la résurgence de l’inflation. Les retraités sont, en effet, particulièrement exposés aux hausses de prix depuis plus d’un an. Ils subissent de plein fouet, la hausse des tarifs de l’électricité, du gaz et de l’essence ainsi que les revalorisations des prix des services à la personne et des transports.
Ils consomment, en effet, plus que la moyenne de la population ces biens et ces prestations. Leurs pensions ont été certes revalorisées mais les pertes de pouvoir d’achat subies depuis 2014 n’ont pas été totalement compensées. Les retraités ont dû faire face, ces dernières années, à une sous-indexation chronique de leurs pensions par rapport à l’inflation et subi plusieurs augmentations d’impôts.
Si le niveau de vie des retraités demeure supérieur à celui de l’ensemble de la population, l’écart se réduit et devrait, selon le Conseil d’Orientation des Retraites, se retourner à leur détriment d’ici la fin de la décennie. Avec la mise en œuvre des réformes adoptées depuis 1993, le montant moyen des pensions devrait progresser moins vite. La hausse constatée ces dernières années n’est plus que la conséquence de l’amélioration des pensions des femmes, pensions qui demeurent encore nettement inférieures à celles des hommes.
Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, le coût des services devrait augmenter en lien avec la nécessité de proposer des salaires plus élevés pour attirer de nouveaux salariés. Le prix de l’énergie devrait être également orienté à la hausse en raison du passage progressif aux énergies renouvelables. De ce fait, la question du pouvoir d’achat des retraités restera un sujet sensible dans les prochaines années.
Face à ce problème, la France part avec un handicap en raison de la faiblesse de ses régimes de capitalisation qui n’assurent que 2,5 % des prestations de retraite contre une moyenne de 15 % au sein de l’OCDE. Pour compenser l’érosion du pouvoir d’achat, le développement de l’épargne constitue un des moyens les plus efficaces avec en outre la possibilité, à travers les cotisations, de financer les entreprises et leurs investissements en faveur de la transition énergétique. Les assureurs ont, en effet, l’obligation, depuis l’adoption de la loi PACTE en 2019, de proposer dans le cadre des Plans d’Épargne Retraite au moins une unité de compte ISR, une unité de compte solidaire investie à hauteur de 10 % dans l'économie non marchande et une unité de compte Greenfin.
Au-delà de la question du pouvoir d’achat des retraites, celle de la dépendance reste ouverte. Le maintien à domicile ou l’hébergement des personnes en perte d’autonomie sont des facteurs de dépenses. Celles-ci ne sont pas totalement couvertes par les régimes sociaux. Dans l’attente d’un projet de loi sur le sujet, repoussé depuis des années, l’effort repose bien souvent sur les familles et les personnes concernées.
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