Que pensent les fonctionnaires de leur retraite...
et de la réforme engagée par le Gouvernement
Les fonctionnaires sont les premiers concernés par le projet en cours d’élaboration par le Gouvernement visant à établir un régime universel en lieu et place des 42 régimes existants. Cette mutation remettra en cause les règles de calcul des pensions et certains droits qui y sont attachés. Par ailleurs, avec le gel des pensions, l’augmentation de la CSG, le débat sur l’âge de départ à la retraite, que pensent les fonctionnaires ? Une récente étude du Cercle de l’Épargne permet, à partir des données collectées, d’avoir une image un peu plus précise de l’opinion des fonctionnaires sur ces sujets.
Seuls 29 % des fonctionnaires estiment que leurs pensions seront suffisantes pour vivre correctement à la retraite !
Les fonctionnaires sont plus optimistes que les salariés du privés ou les travailleurs indépendants en ce qui concerne le pouvoir d’achat de leurs futures pensions. Malgré tout, 71 % estiment qu’elles seront insuffisantes pour vivre correctement durant la retraite.
Par rapport à 2018, les fonctionnaires sont moins pessimistes. En effet, le nombre d’inquiets perd 11 points. En 2018, la majoration de la CSG et le gel des pensions ont contribué à une nette progression du niveau d’inquiétude. Les annonces du Président de la République, au mois de décembre, ont rassuré légèrement l’ensemble des Français et en particulier les fonctionnaires.
Les fonctionnaires pour un régime universel à la carte
Parmi les actifs, les fonctionnaires se démarquent vis-à-vis du projet visant à instaurer un régime universel de retraite. S’ils ne sont pas opposés à son principe, une majorité de fonctionnaires (52 %) réclame le maintien de certaines spécificités (départs anticipés, prise en compte de la pénibilité, etc.).
Les salariés des entreprises publiques sont également sur la même longueur d’onde.
En revanche, il n’y a que 35 % des retraités qui souhaitent l’introduction de particularités dans le futur système de retraite. Par définition, ils ne profiteront pas de ces dispositifs qui pourraient être coûteux et nuire à leur pension.
Les fonctionnaires estiment que la réforme des retraite vise à reporter l’âge de départ à la retraite
La convergence des 42 régimes de retraite actuels vers un régime universel à points vise selon l’exécutif à garantir une plus grande égalité de traitement entre les futurs retraités. Parmi les actifs, les fonctionnaires sont le plus circonspects vis-à-vis de cet objectif affiché qui masquerait, selon eux, d’autres intentions dont celles de reporter l’âge de départ à la retraite.
En effet, pour une majorité de fonctionnaires (52 %), le report de l’âge de départ effectif à la retraite constitue la véritable motivation des pouvoirs publics.
Par ailleurs, 23 % des fonctionnaires considèrent que le Gouvernement entend profiter de la réforme pour diminuer les pensions.
Les fonctionnaires les plus opposés au report de l’âge de départ à la retraite
Seulement un cinquième (21 %) des Français accepterait l’idée d’un report progressif de la retraite à 65 ans. 41 % jugent possible de revenir à la retraite à 60 ans quand 38 % sont pour le statut quo à 62 ans. Les fonctionnaires se montrent les plus favorables à un retour de la retraite à 60 ans (57 %). La nostalgie de la retraite à 60 ans reste très forte 37 ans après son instauration et 9 ans après sa suppression.
Pour mémoire, en 2017, l’âge moyen de la retraite est de 61 ans et 4 mois pour les fonctionnaires d’État, de 61 ans et 5 mois pour ceux des collectivités territoriales et de 59 ans et 10 mois pour ceux relevant de la fonction publique hospitalière (sources : rapport annuel sur les pensions des fonctions publiques 2018). Pour les salariés du régime général, l’âge moyen de départ a été en 2018 de 62 ans et 8 mois.
Seuls les retraités se montrent peu favorables à un retour de l’âge de départ à 60 ans (17 %). Ils sont par ailleurs plus nombreux que les actifs à souhaiter un report progressif de l’âge de départ de la retraite à 65 ans (38 %). Ayant déjà liquidé leurs droits à la retraite, ils ne sont, par définition, pas concernés par cet éventuel report. Par ailleurs, ce dernier est, à leurs yeux, susceptible d’améliorer la situation financière des régimes de retraite et donc de limiter l’éventuelle dégradation de leur pouvoir d’achat.
Il est à souligner que les travailleurs indépendants qui partent à la retraite au-delà de 62 ans, en moyenne, ne sont pas contre l’idée de son avancement (42 % contre 23 % qui sont pour la reculer à 65 ans).
Une gestion paritaire dominante sauf chez les fonctionnaires
Le sentiment de défiance souligné ci-dessus transparaît également dans les réponses à la question sur le mode de gouvernance du futur régime de retraite. La cote de popularité de l’État pour assumer la gestion du futur régime de retraite n’est pas élevée. Une très large majorité de Français (62 %) est pour le maintien d’une gestion paritaire avec la présence des partenaires sociaux. Ce sont les salariés du privé qui y sont le plus attachés (68 %).
En revanche, les fonctionnaires et les indépendants y sont hostiles (seulement 44 % des indépendants et 47 % des fonctionnaires sont pour une gestion paritaire).
Ces opinions reflètent également les modalités de gestion actuelle des régimes de retraite. Les pensions des fonctionnaires dépendent des pouvoirs publics et essentiellement de l’État. Le Haut-Commissaire à la réforme des retraites semble avoir retenu le principe d’une gestion paritaire.
En effet, l’établissement public en charge du futur régime universel disposerait d’un conseil d’administration composé de représentants des partenaires sociaux.
La capitalisation acceptée par une très large majorité de Français
57 % des Français sont favorables à un système de la retraite comportant de la capitalisation.
Certes 43 % sont pour un système 100 % par répartition. Les indépendants sont les plus favorables à la capitalisation (65 %). Cette proportion correspond à peu près à celle des indépendants ayant souscrit un Contrat Madelin (complément par capitalisation).
Les fonctionnaires et les salariés du secteur public sont également enclins au développement d’un système comportant de la capitalisation (respectivement 59 % et 54 %). Plus du quart des salariés des entreprises publiques sont même partants pour un régime reposant exclusivement sur la capitalisation, soit 13 points de plus que la moyenne nationale.
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