La question très sensible du niveau de vie des retraités
Question au coeur de l'actualité...
Avec l’augmentation de la CSG et la désindexation partielle des pensions, la question du niveau de vie des retraités est au cœur de l’actualité. Elle est devenue un sujet de polémiques et de tensions. Le ressenti d’une dégradation du pouvoir d’achat n’est pas exagéré même si la situation des retraités par rapport au reste de la population, reste, en moyenne, correcte.
Le niveau de vie des retraités a été impacté par la crise
Le niveau de vie des retraités était, en 2015, selon l’INSEE supérieur de 5,6 points à celui de l’ensemble de la population.
Depuis une dizaine d’années, le pouvoir d’achat des retraités fluctue mais de manière moins prononcée que celui des actifs et des personnes sans emploi. De 1996 à 2010, les niveaux de vie moyens des retraités, des actifs et de l’ensemble de la population ont progressé de concert de 1,4 % par an en moyenne. Ils ont baissé de 2010 à 2015 du fait de la crise qui s’est traduite par une augmentation du chômage. Cette baisse a été moins importante pour les retraités (-0,5 % en 5 ans) que pour les actifs ou l’ensemble de la population (-2,3 % en 5 ans). Les revenus des retraités ont mieux résisté à la crise que ceux des autres Français. Ils sont moins dépendants de la conjoncture que les revenus d’activité.
Du fait de cette évolution, le niveau de vie des actifs est désormais identique à celui des retraités. Par unité de consommation, il s’élève à 2 050 euros par mois. Les pensions brutes représentent environ 70 % des revenus des ménages des retraités avant prélèvements sociaux et fiscaux.
L’érosion du niveau de vie des retraités, un problème démographique et de prélèvements
La baisse du niveau de vie des retraités n’est pas liée à une diminution des pensions. Ces dernières ont continué à augmenter sur toute la période. Elle s’explique par des effets démographiques et par l’augmentation des prélèvements. Les effets démographiques jouent de deux façons. Il y a l’effet noria positif qui contribue à l’élévation du niveau de vie en raison du remplacement de générations à petites pensions par des générations à plus fortes pensions (en particulier pour les femmes). Mais ce facteur est compensé par un plus grand nombre de retraités vivant seuls dont les revenus sont inférieurs à la moyenne.
De plus en plus de retraités seuls
39 % des retraités vivent seuls. Ils sont de plus en plus nombreux du fait de l’augmentation du nombre de divorces. En effet, la proportion des veufs et des veuves tend à diminuer, passant de 27 à 21 % de 2002 à 2015, quand en revanche, celle des hommes et des femmes vivant seuls après un divorce était de 10 % en 2015 contre 6 % en 2002. La proportion des retraités célibataires est restée stable à 7 % sur la même période. L’écart entre les retraités vivant seuls et ceux vivant en couple tend à s’accroître. Il était de 13 points sur la période 1996/2001 et a atteint 18 points sur celle courant de 2008 à 2015.
Les femmes veuves sont surreprésentées au sein des retraités vivant seuls (50 %). Leur niveau de vie est inférieur de 19 % à celui des retraitées vivant en couple. Pour les hommes veufs, il n’y a pas d’écart de revenu constaté. En revanche, le niveau de vie de l’homme retraité célibataire est inférieur de 17 % à celui vivant en couple.
Les retraités, les principaux bénéficiaires des revenus du patrimoine
Les revenus du patrimoine contribuent à améliorer fortement le niveau de vie des retraités. Si les pensions apportent 70 % des revenus avant prélèvements, 17 % sont issus des revenus du patrimoine, 11 % des revenus d’activité et 2 % des prestations sociales. Les retraités détiennent une part significative du patrimoine des ménages, plus de 40 % supérieur à leur poids démographique (25 %). Ils sont propriétaires à 75 % de leur résidence principale. Les revenus du patrimoine ont atteint un maximum en 2008 avant de décroître sous le double effet de la crise et des prélèvements. En 2015, ils représentaient un apport de 350 euros en moyenne par mois par retraité sur un total de 2 360 euros de revenus hors prélèvement. Le cumul emploi-retraite pèse peu dans les statistiques car il ne concerne que 3 à 4 % des retraités. Les couples retraités continuant à percevoir des revenus professionnels ont pour caractéristique qu’un des deux conjoints n’a pas liquidé ses pensions.
Des prélèvements en hausse constante
De 2002 à 2015, le taux moyen de prélèvements des retraités a augmenté. Il est passé de 11,4 % à 13,9 %. Le poids de l’impôt sur le revenu s’est accru de 0,7 point sur la période, celui de la taxe d’habitation de 0,5 point, celui des prélèvements sociaux sur les pensions de 0,7 point et celui des prélèvements sur les revenus du patrimoine de 0,6 point. Ce chiffrage ne prend pas en compte la hausse de la CSG qui est intervenue en 2018.
Avec les mesures prises ces deux dernières années, le niveau de vie des retraités a du continuer à s’éroder, seuls les revenus du patrimoine pour ceux qui en bénéficient ont pu compenser cette évolution. Les détenteurs de contrats d’épargne retraite (COREM, PERP, Contrats Madelin), les détenteurs de contrats d’assurance vie ou ceux qui ont investi dans l’immobilier locatif compensent la perte de pouvoir d’achat de leurs pensions.
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