23.11.2023

Les jeunes face à la retraite 

Au 1er janvier 2023, la France compte 68,0 millions d’habitants dont 14,2 millions de jeunes âgés de 18 à 35 ans, soit près de 21 % de la population.

Il y a aujourd’hui moins de jeunes de 18 à 35 ans que de retraités (16 millions). Ces dernières années, la baisse du taux de chômage des jeunes a permis une amélioration de leur niveau de vie. Malgré tout, les jeunes actifs éprouvent des difficultés à acquérir leur résidence principale en raison du prix de l’immobilier et de la hausse des taux d’intérêt. Cette situation pèse sur l’allocation de leur épargne et sur leurs capacités à préparer leur retraite. Celle-ci ne constitue pas, fort logiquement, un sujet prioritaire pour les 18-35 ans. Ces derniers expriment néanmoins un regard critique sur le système de retraite et la situation des retraités en France. Enquête après enquête, ils affirment leurs choix sur les solutions à privilégier pour garantir aux retraités un niveau de retraite suffisant.

 

Les jeunes inquiets pour leur retraite

Premier poste de dépenses sociales (publiques et privées), les pensions de retraite représentent 338 milliards d’euros en 2021 soit 13,5 % du PIB en 2021. La France est avec la Grèce et l’Italie, sur le podium des pays de l’OCDE pour le poids de ses dépenses publiques affectées la retraite, la retraite ne représentant qu’environ 8 % du PIB au sein de l’OCDE. Pour autant, les Français pris dans leur ensemble, et les jeunes adultes en particulier, portent un jugement sévère à l’égard du niveau des pensions servies et sur la capacité des régimes à garantir, à l’avenir, le pouvoir d’achat des retraités. D’après l’enquête 2023 « les Français, l’épargne et la retraite » confiée à l’IFOP et au CECOP, près de deux Français sur trois estiment qu’ils ont ou auront une pension insuffisante pour vivre correctement (65 % exactement). Cette crainte est partagée par 66 % des 18-24 ans et 73 % de leurs aînés âgés de 25-34 ans.

 

niveau des pensions

Logiquement, les jeunes actifs ne devraient pas se préoccuper de leur retraite qui interviendra d’ici quatre décennies. Ces derniers devraient davantage être focalisés sur leur réussite professionnelle. Or, les 25-34 ans sont plus pessimistes que la moyenne des Français quand ils envisagent leur niveau de vie futur à la retraite. Les jeunes actifs craignent à tort que le système de retraite par répartition fasse faillite. Ils estiment que leurs aînés ne leur laisseront que des dettes à rembourser.

Les 18-24 ans sont plus optimistes car ils n’ont pas encore une réelle perception du monde du travail ni des enjeux liés à la retraite. Ils ont été néanmoins majoritairement opposés au report de l’âge de départ à la retraite.

proportion de sondés

Dans l’édition 2016 de l’enquête menée par le CECOP et l’IFOP, 78 % des 18-24 ans et même 83 % des 25-34 ans évoquaient un risque réel de faillite du régime général des retraites, soit 6 à 11 points de plus que la moyenne des Français.

proportion en % de français estimant qu'il y a un risque réel de faillite

Le manque d’information, facteur amplificateur des perceptions ?

23 % des 18-24 ans pensent que leur future retraite ne dépassera pas 40 % de leurs revenus d’activité, contre 17 % de l’ensemble des Français. A contrario, c’est parmi les 18-24 ans que figure la proportion la plus élevée de sondés considérant qu’ils percevront 100 % de leurs revenus d’activité à la retraite (16 % exactement contre 7 % des 25-34 ans et 5 % de l’ensemble des sondés). Cet écart est lié à la moindre connaissance du système de retraite de la part des jeunes.

Le niveau perçu des pensions de retraite par rapport aux revenus d'activité en %.

Report de l’âge de départ à la retraite : les jeunes épris de contradictions

Plus de 60 % des 18-34 ans acquis à la retraite à 60 ans…

30 % des 18-24 ans déclarent souhaiter partir à la retraite avant 60 ans et 34 % de cette classe d’âge souhaiteraient partir à 60 ans (soit 64 % des jeunes majeurs en faveur d’un départ à 60 voire avant). Leurs aînés âgés de 25 à 34 ans, avec respectivement 19 % et 44 % de citations pour ces deux propositions, partagent ce désir de cesser une activité professionnelle au plus tard à 60 ans. Est-ce parce que la retraite est un horizon lointain ou parce qu’ils n’éprouvent pas de plaisir au travail, qu’ils souhaitent partir le plus tôt possible ? La réponse à cette interrogation n’est pas aisée.

âge de départ estimé par les sondés en %

Les jeunes également plus nombreux à anticiper un départ à la retraite au-delà de 65 ans

Au-delà du souhait de partir le plus tôt possible à la retraite, les 18-34 ans sont conscients que cela sera difficile. Ils sont plus nombreux que la moyenne des Français à considérer qu’ils devront partir à 65 voire au-delà. 25 % des 18-24 ans et même 28 % des sondés de la tranche d’âge supérieure estiment qu’ils prendront leur retraite au-delà de 67 ans. Un jeune de 18-24 ans sur deux parie sur un départ à 65 ans ou plus quand en moyenne 43 % des sondés pensent devoir le faire.

âge de départ estimé par les sondés en %_0.

Les 18-34 ans partagent avec leurs aînés la conviction qu’une nouvelle réforme des retraites sera engagée dans les prochaines années et qu’un nouveau report de l’âge légal de départ à la retraite sera nécessaire.

un nouveau report de l'âge légal de départ à la retraite vous semble possible.PNG

Systèmes de retraite : les 18-24 ans premiers soutiens de la retraite par capitalisation

51 % des 18-24 ans sont favorables à un système de retraite associant répartition et capitalisation. 23 % de cette classe d’âge aspirent au remplacement progressif du système actuel par un régime s’appuyant exclusivement sur la capitalisation. Les jeunes actifs sont également pour qu’une place plus importante soit accordée à la retraite par capitalisation. La capitalisation recueille l’appui de 69 % des 25-34 ans (avec respectivement 47 % et 22 % de citations pour les solutions précitées).

évolution souhaitée des régimes de retraites.PNG

Le PER fait son chemin parmi les jeunes actifs

La détention de sa résidence principale et l’immobilier locatif sont privilégiés par les 25-34 ans pour maintenir leur niveau de vie à la retraite. La pierre demeure ainsi la valeur refuge par excellence, toutes classes d’âges confondues.

Parmi les produits financiers, le PER, né de la loi PACTE et commercialisé depuis le 1er septembre 2019, détrône l’assurance vie chez les non-retraités et en particulier chez les 25-34 ans. 20 % des jeunes actifs font ainsi le choix d’un produit d’épargne retraite contre, en moyenne, 18 % des non-retraités, 4 % des retraités et 14 % de l’ensemble des sondés. Signe de la montée en puissance du PER chez les jeunes générations, l’assurance vie, citée par 27 % des retraités, n’est évoquée que par 13 % des 18-24 ans, 16 % des 25-34 ans et 18 % des Français.

les solutions priviligiés pour améliorer sa situation à la retraite

Plus difficile d’épargner en vue de la retraite quand on est jeune

43 % des 18-24 ans et 46 % de leurs aînés âgés de 25 à 34 ans déclarent épargner pour améliorer leur retraite quand, dans l’ensemble de la population ce ratio est de 47 %. Les jeunes ont, en règle générale, des capacités d’épargne moindres que leurs aînés.

le placement dans un produit d'épargne pour améliorer sa retraite en %

Les jeunes de 18 à 35 ans ne diffèrent guère de leurs aînés. Ils souhaitent partir le plus tôt possible à la retraite tout en étant conscients que cela sera difficile. Ils craignent que le système de retraite ne puisse pas répondre à leurs besoins à la retraite compte tenu de l’évolution du nombre de retraités. S’ils sont favorables à la retraite par capitalisation, ils indiquent également qu’ils sont limités au niveau de leur capacité d’épargne.

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