17.07.2018

Les inégalités en France, 10 ans après la Grande Récession

Les revenus et le patrimoine en France - INSEE données de 2015

L’INSEE a publié une série d’études sur les revenus et le patrimoine en France à partir des données de 2015. L’institut statistique souligne ainsi que malgré la crise économique des années 2008/2011, la montée des inégalités a été contenue dans notre pays. 

 

En 2015, le niveau de vie médian de la population était de 20 300 euros à comparer aux 14 000 euros du SMIC annuel et aux 106 210 euros de revenu par unité de consommation dont bénéficient en moyenne les 1% les plus aisés. Le niveau de vie médian de 2015, en hausse de 0,4% par rapport à 2014, reste néanmoins inférieur au niveau atteint en 2008. Avec l’amélioration de la situation économique, le niveau de vie des 10% les plus aisés a augmenté plus rapidement en 2015. La progression a été de 1,4% par rapport à 2014. Les 10% les plus pauvres ont enregistré une hausse de leurs revenus de 0,3% qui compense la baisse constatée en 2014. Cette légère amélioration est imputable à la revalorisation de certaines prestations sociales. Pour les 10% de ménages les moins aisés, plus de la moitié des revenus est composée de prestations sociales.

 

 

Pas de montée des inégalités en France

Depuis 1996, le rapport de revenus entre les 10% les plus riches et les 10% les moins aisés reste stable à 3,5. En Europe, seules la France, la Hongrie, la Belgique et la Grèce, n’ont pas enregistré une montée des inégalités lors de ces dix dernières années (en prenant l’indice de Gini comme indicateur de comparaison). En revanche, celles-ci ont progressé aux États-Unis, en Allemagne, en Finlande et en Suède. 

 

 

Un taux de pauvreté contenu

 

La France se caractérise également par un des plus faibles taux de pauvreté au sein de l’Union européenne. Seuls cinq pays en Europe ont des taux plus faibles : la Finlande, le Danemark, la République Tchèque, la Slovénie et la Slovaquie. Après avoir fortement baissé de 1970 à 1990, le taux de pauvreté français est relativement stable depuis.

 

Si le taux de pauvreté se contracte chez les retraités, il a, en revanche, tendance à augmenter pour les chômeurs et les familles monoparentales. Le taux de pauvreté qui est de 14% pour l’ensemble de la population atteint 37% pour les chômeurs. Ce taux est de 8,5% pour les retraités et de 8,3% pour les actifs ayant un emploi salarié. Le risque de pauvreté décroît avec l’âge.

 

Les ménages dont la personne de référence a moins de 30 ans ont un taux de pauvreté de 25,7% contre 15,7% pour les ménages de 30 à 39 ans et de 7,4% pour ceux de plus de 65 ans. Le taux de pauvreté des familles monoparentales est de 32,7% en 2015. Il est de 23,9% pour celles comportant un enfant et de 40% pour celles en comportant plusieurs. Le nombre de familles monoparentales pauvres s’est accru d’un million de 1996 à 2015.

 

 
Des retraités, bien traités ?

 

Le taux de pauvreté des ménages retraités a fortement baissé ces quarante dernières années en lien avec la revalorisation du minimum vieillesse. En 2015, il est inférieur de 3,5 points à celui des personnes vivant dans un ménage d’âge actif hors indépendant et de 9,8 points inférieurs à celles vivant dans un ménage d’indépendants.

 

 

La situation des jeunes en progrès ?

 

Contrairement à certaines idées reçues, le taux de pauvreté des jeunes a baissé ces vingt dernières années. Il est passé pour les 18-24 ans de 24,3 à 17,6% entre 1996 et 2015.

 

Pour les 25-29 ans, le taux de pauvreté était de 10,9% en 2015 contre 12,7% en 1996. Les jeunes en demeurant plus souvent au domicile de leurs parents bénéficient des revenus de ces derniers.

 

Par ailleurs, les mesures en faveur de l’emploi des jeunes tout comme le développement de certaines prestations sociales (APL) expliquent cette évolution. 

 

 

Riches, oui, peut-être, mais à partir de combien ?

 

Interrogé sur un plateau de télévision, un candidat élu ensuite Président de la République avait fixé la barre de la richesse à 4 000 euros de revenus mensuels.

 

L’INSEE estime qu’au-delà de 106 210 euros de revenus par unité de consommation, leurs bénéficiaires appartiennent à la catégorie des très hauts revenus. C’est au-delà de ce seuil qu’une personne fait partie des 1% les plus aisés. Ces derniers gagnent en moyenne sept fois plus que la moyenne nationale.  Les 1% les plus aisés perçoivent 6,5% de l’ensemble des revenus. 


Pour être classé dans les 1% ayant les plus hauts revenus, il faut d’un revenu mensuel de 8 850 euros pour une personne ou de 18 590 euros pour un couple avec deux enfants. Les 0,01% personnes les plus aisées ont des revenus supérieurs à 699 230 euros. La dispersion des revenus au sein des 1% des plus hauts revenus est très importante, de 106 210 euros à 200 fois plus.

 

Les revenus des 1% les plus aisés ont augmenté de 1997 à 2007 avant de se stabiliser, puis de baisser en 2013. L’évolution récente est imputable aux revenus du patrimoine qui ont souffert de la crise de 2008.

 

En France, les très hauts revenus proviennent du secteur financier ou exercent des activités juridiques, comptables, de gestion, d’architecture, d’ingénierie et d’analyses techniques. Les professions médicales sont également bien représentées mais en baisse relative depuis quelques années.

 

Les milieux du sport, des arts et des médias comprennent également une proportion plus élevée que leur poids respectif au sein de l’économie de très hauts revenus.

 

 

Les hauts revenus sont des personnes âgées et franciliennes

 

55% des ménages à très haut revenu (les 10%) ont un référent fiscal âgé de 50 à 69 ans. L’âge moyen est de 59 ans contre 54 ans pour l’ensemble de la population. 40% des ménages sont des couples sans enfant.

 

Chez les 1% les plus aisés, 86% sont propriétaires de leur résidence principale contre 56% pour le reste de la population. 43% des 1% les plus aisés font également parties des 1% les mieux dotés en capital.

 

Sans surprise, les personnes à très haut revenu (les 10%) sont essentiellement des Franciliens. Si l’Île-de-France comprend 19% de la population française, elle rassemble 42% des ménages à très haut revenu et 66% des ménages les plus aisés (0,01%). Au sein de la région, 46 % des plus aisés (0,1%) habitent à Paris et 11% dans les Hauts-de-Seine. 

 

 

10 % des ménages à l’origine de 64 % des revenus du patrimoine

 

Les 10% des ménages à très haut revenu déclarent 64% des revenus du patrimoine. Les 1% des ménage ayant les plus forts revenus possèdent 30% du patrimoine.

 

En 2015, les 10% des ménages les mieux dotés en patrimoine concentrent près de la moitié du patrimoine brut de l’ensemble des ménages.

 

Pour le patrimoine financier, la concentration est encore plus forte (10% des ménages détiennent 68% du patrimoine financier). 

 

 

Un quart de l’impôt sur le revenu payé par 1 % des ménages

 

1% de ménages les plus riches acquittent 25% du total de l’impôt sur le revenu. Les 10% les plus riches en acquittent 65%.

 

Les revenus de la quasi-totalité des ménages figurant dans les 1% sont imposés à un taux moyen inférieur à 30%.

 

La moitié de ceux se situant dans le millième des ménages les plus aisés sont soumis à un taux moyen supérieur à 30%. 
 

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