27.04.2023

Le niveau de vie des retraités après 75 ans

En 1970, le niveau de vie des retraités était inférieur de 30 % par rapport à la moyenne de l’ensemble de la population. Il a connu une forte augmentation dans les années 1970 et 1980 au point de dépasser la moyenne de l’ensemble de la population dans les années 1990. 


En 2022, il est deux points au-dessus de cette moyenne. Depuis 2012, une inflexion est à l’œuvre. Ce niveau de vie progresse désormais moins vite que celui des actifs et se rapproche de celui de la moyenne de la population. Quand l’écart était de 4 points au début de la décennie, il n’est plus que de deux points en 2021.

 

L’augmentation des prélèvements et la sous-indexation des pensions expliquent cette évolution. Les pensions ont eu tendance à augmenter moins rapidement que les salaires sur la période 2012/2020. 


Le ressenti des Français est plus sombre que la réalité des statistiques. Selon le baromètre d’opinions de la DREES réalisé en 2020, 48 % des sondés évaluent le niveau de vie moyen des retraités comme étant moins bon que celui de l'ensemble de la population, quand seulement 18 % l’évaluent comme meilleur.

Niveau de vie relatif des retraités

En 2016, le niveau de vie médian des personnes de 75 ans ou plus vivant en logement ordinaire ou en institution (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes - Ehpad, maisons de retraite non Ehpad, unités de soins longue durée - USLD) est de 20 160 euros par an, soit 1 680 euros par mois.

 

Ce montant partage cette population en deux : la première moitié a un niveau de vie inférieur ; la seconde, un niveau de vie supérieur. Ce niveau de vie médian des 75 ans ou plus est 2 % inférieur à celui de l’ensemble de la population (20 490 euros annuels) et de 10 % inférieur à celui des 65-74 ans (22 400 euros). 

  L’effet noria avant tout

L’augmentation du niveau des pensions repose depuis plusieurs années exclusivement sur l’effet noria (disparition des générations de retraités les plus âgées par des générations plus jeunes ayant des retraites plus élevées). Le pouvoir d’achat des retraités ayant liquidé leurs pensions s’érode, en particulier pour ceux qui ont une pension élevée. Les cadres sont plus touchés par cette érosion. La situation financière des retraités dépend de leur âge et de leur mode de vie. La dépendance est une source de dépenses importantes (institutions, aides à domicile, équipement du logement, soins, etc.). En 2016, selon l’INSEE, 9 % des 75 ans ou plus vivent en institution. Ce taux dépasse 25 % pour les 90-94 ans et atteint près de 50 % pour les 95 ans ou plus. Le choix du maintien à domicile est dicté par des considérations de santé et de nature financière.


Le niveau de vie médian des personnes de 75 ans ou plus vivant en institution est 15 % inférieur à celui des personnes du même âge vivant en logement ordinaire. Cette situation est liée au fait que de nombreuses femmes dont l’espérance de vie est plus longue vivent en institutions et que leurs moyens financiers sont plus faibles que ceux des hommes. Les femmes représentent 78 % des résidentes de plus de 75 ans en institutions contre 60 % pour celles vivant au sein de leur domicile.

Les plus de 75 ans sur-représentés sous la médiane des niveaux de vie

Le niveau de vie médian des seniors en logement ordinaire décroît avec l’âge, passant de 21 300 euros par an pour les 75-79 ans, à 19 460 euros pour les 90-94 ans et à 18 310 euros au-delà (soit 14 % de moins que les 75-79 ans). En revanche, le niveau de vie médian des personnes en institution tend à croître avec l’âge (+3,8 % des 75-79 ans aux 95 ans ou plus), les anciens ouvriers étant nettement plus représentés parmi les résidents les plus jeunes.


En excluant les revenus d’activité, du patrimoine et les prestations sociales, la médiane des seules pensions est, selon l’INSEE, de 18 260 euros par unité de consommation, pour l’ensemble des personnes de 75 ans ou plus, soit 1 522 euros par mois. Elle diminue avec l’âge passant de 19 480 euros pour les 75-79 ans à 16 640 euros pour les 95 ans ou plus. Les pensions et retraites représentent en moyenne 87,6 % du niveau de vie moyen des personnes au grand âge. Cette proportion est moindre pour les plus âgés, passant de 89,5 % pour les 75-79 ans à 76,3 % pour les 95 ans ou plus. Les revenus d’activité ne représentent en moyenne que 3,2 % du niveau de vie des 75 ans ou plus, contre 10,8 % de celui des 65-74 ans et 89,2 % pour les moins de 65 ans.

 

Au-delà de 65 ans, les revenus d’activité sont le plus souvent apportés par d’autres membres du ménage (en général des enfants résidant dans le même logement) et plus rarement, pour les 65-74 ans, par des seniors toujours en activité.

Revenus, divergence entre les moins de 75 ans et les plus de 75 ans

Les personnes âgées sont peu présentes dans le 1er dixième de niveau de vie : 3,2 % des 65-74 ans et 4,9 % des 75 ans ou plus font partie des 10 % des personnes les plus modestes, contre 10,8 % des moins de 65 ans.

 

En revanche, les plus de 75 ans sont surreprésentés en matière de niveau de vie au-dessous de la médiane. Les personnes de 65-74 ans sont, à l’opposé, sous-représentées dans la première moitié de la distribution des revenus, 40,4 % des personnes de 65-74 ans ont un niveau de vie sous la médiane des niveaux de vie, contre 50,3 % des moins de 65 ans et 52,7 % des 75 ans ou plus.

Les revenus du patrimoine, un complément de revenus important pour les seniors

Les revenus du patrimoine représentent en moyenne 19,1 % du niveau de vie des 75 ans ou plus. Cette part augmente pour les plus âgés : de 6,4 % avant 65 ans à 17,0 % pour les 65-74 ans et jusqu’à 31,7 % pour les personnes de 95 ans ou plus. Le poids croissant des revenus du patrimoine en fonction de l’âge est lié au caractère décroissant des pensions servies par les régimes de retraite.

 

Le patrimoine moyen s’élève à 327 000 euros entre 60 et 69 ans et à 308 000 euros après 70 ans. 78 % des retraités sont propriétaires de leur résidence principale. Les 60-69 ans disposent de plus 73 000 euros d’épargne financière et les 70 ans et plus, plus de 82 600 euros (INSEE -2018). Plus de la moitié des plus de 70 ans ont un contrat d’assurance vie. 

Les impôts directs, 10 % des revenus des retraités de plus de 75 ans

Les impôts directs diminuent de 11,6 % en moyenne le niveau de vie des 75 ans ou plus, une part proche de celle des moins de 65 ans (11,3 %) et inférieure à celle des 65-74 ans (13,9 %).

Les retraités les plus âgés moins bénéficiaires des prestations sociales que l’ensemble de la population

15,4 % des personnes de 75 ans ou plus perçoivent au moins une prestation sociale non contributive nationale, soit une part nettement inférieure à celle des moins de 65 ans (66,2 %). La proportion des 95 ans ou plus bénéficiaires d’une prestation sociale est 2,6 fois plus élevée que celle des 75-79 ans (31,8 % contre 12,3 %). Cette proportion s’explique par la surreprésentation au sein de cette tranche d’âge des femmes bénéficiant du minimum vieillesse. 


Les allocations logement représentent l’essentiel des prestations sociales des plus âgés. 10,8 % des 75 ans ou plus en bénéficient. Cette aide est attribuée en particulier aux résidents des Ehpad. 34,8 % des 75 ans ou plus en institution perçoivent une allocation logement, contre 8,5 % de ceux vivant en logement ordinaire. Les personnes âgées dépendantes peuvent bénéficier de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) et, quand leurs ressources sont inférieures au montant des frais d’hébergement, de l’aide sociale à l’hébergement (ASH), versée par les départements.


4,8 % des 75 ans ou plus perçoivent l’allocation de solidarité des personnes âgées (Aspa) et 1,7 % l’allocation aux adultes handicapés (AAH). 

Composition du niveau de vie moyen

  Un taux de pauvreté des seniors croissant avec l’âge

À partir de 65 ans, le cumul de l’allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa) avec les allocations logement permet, dans la plupart des cas, aux personnes âgées de disposer d’un niveau de vie supérieur au seuil de pauvreté.

 

En 2016, 9,0 % des 75 ans ou plus, soit 527 000 personnes, ont un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté monétaire fixé à 60 % du niveau de vie médian. Ce taux est inférieur à celui des moins de 65 ans (15,6 %), mais supérieur à celui des 65-74 ans, les moins exposés à la pauvreté en France (6,1 %). Le taux de pauvreté varie ainsi de 6,7 % pour les 75-79 ans à 12,5 % pour les 95 ans ou plus.

 

Les 75 ans ou plus vivant à domicile sont deux fois moins exposés à la pauvreté monétaire que ceux résidant en institution (respectivement 8,1 % et 17,7 %).

Taux de pauvreté selon l'âge

Partager cet article :