La retraite, les seniors et les jeunes
... plus unis que divisés sur le sujet
À 30 ans, la question de la retraite peut apparaître théorique. Les modifications permanentes de la législation rendent difficile la projection sur quelques décennies.
Quel sera le régime en vigueur ? Quelles seront les conditions à réunir pour obtenir une pension correspondant à ses attentes ? La ou les réponses sont loin d’être évidentes. Pour autant, sur bien des sujets les jeunes actifs et les retraités sont sur la même longueur d’onde. Certes, des différences existent mais contrairement à quelques idées reçues, ce sont les jeunes qui sont les plus pessimistes.
La crainte du lendemain ou du surlendemain
Selon l’enquête du Cercle de l’Épargne, 61 % des retraités estiment en 2018 que leurs pensions sont insuffisantes pour vivre correctement.
Ce taux était de 50 % en 2017. La hausse est encore plus nette parmi les retraités les plus aisés (dont les revenus excèdent 3 000 euros) qui sont aujourd’hui 59 % à se déclarer inquiets (contre 42 % un an plus tôt). Le relèvement de la CSG ainsi que le gel des pensions, ces dernières années, expliquent certainement cette progression.
Les jeunes sont encore plus pessimistes sur le niveau des pensions. 76 %, soit plus que la moyenne de la population (74 %), pensent que leur future pension sera insuffisante pour vivre correctement. Ce jugement sans appel s’explique par leurs doutes concernant l’avenir des régimes de retraite. En 2016, 69 % des 25-34 ans avaient dans le cadre d’une enquête Cercle de l’Épargne indiqué que le système de retraite pourrait faire faillite.
Injuste et inefficace
Un jugement sans appel et sans nul doute injuste
75 % des jeunes de 25-34 ans considèrent que le système actuel de retraite est injuste, soit autant qu’au sein de la population totale à peine plus que les actifs pris dans leur ensemble. Ils sont par ailleurs, 84 % des jeunes de 25-34 ans à juger le système actuel de retraite « inefficace pour fournir un revenu correct à la retraite ».
Les retraités qui pourtant bénéficient chaque mois du versement de leurs pensions partages l’opinion des jeunes. 71 % jugent le système de retraite injuste et 76 % inefficace.
Les retraités pointent les atteintes à leur pouvoir d’achat quand les jeunes doutent de la capacité du système à être encore en fonction au moment où ils partiront à la retraite. Les uns comme les autres fustigent les inégalités de traitement. L’idée que certains sont avantagés par le système de retraite dépasse les frontières des générations.
Le régime universel plébiscité par les retraités
le régime universel des retraites davantage plébiscité par les retraités
Les retraités sont, au sein de la population, les plus favorables à l’instauration du régime universel.
64 % d’entre eux approuvent le principe du régime unique contre 53 % pour l’ensemble de la population.
Ce large consensus des retraités sur ce sujet n’est pas sans lien avec le fait qu’ils pensent que leurs pensions, à juste titre, ne seront pas touchées par le changement de système. Par ailleurs, ils approuvent le principe qu’un euro cotisé donne accès aux mêmes droits. En outre, la réforme serait un gage de pérennité pour le système de retraite.
À l’inverse, une toute petite majorité (51 %) au sein des jeunes actifs est pour le régime unique de retraite
Cette moindre appétence pour la réforme voulue par le Président de la République est sans nul doute liée au fait qu’ils se sentent moins concernés. Étant plus nombreux que la moyenne de la population à imaginer que le système de retraite est menacé de faillite, ils considèrent peut-être que l’unification n’est qu’une réforme de plus. Ils apprécient peut-être moins l’intérêt de la transformation proposée.
Recul de l'âge réel de départ
Les jeunes intègrent le recul de l’âge réel de départ à la retraite
Le Président de la République tout comme le Haut-Commissaire à la Réforme des Retraites ont indiqué que l’âge légal de départ de retraite fixé à 62 ans ne serait pas modifié par la mise en place du régime universel.
En revanche, la durée de cotisation devrait disparaître permettant un départ à la carte.
Si aujourd’hui, l’âge réel de départ à la retraite se situe autour de 61 ans, 82 % des jeunes actifs pensent qu’ils seront contraints de travailler au-delà de 65 ans.
C’est 10 points de plus que la moyenne de la population et des actifs. Ils sont même 29 % à estimer qu’ils ne prendront leur retraite qu’à 70 ans ou au-delà contre 16 % des actifs.
Les retraités continuent à épargner
Préparer financièrement sa retraite dès les premières années de sa vie active est devenu une réalité
56 % des jeunes actifs (contre 58 % pour l’ensemble de la population) déclarent épargner en vue de la retraite dont 18 % assez régulièrement et 11 % très régulièrement soit davantage que les pratiques déclarées, en moyenne, par l’ensemble des sondés (respectivement 14 et 8 %).
La succession des réformes et la défiance à l’encontre des systèmes de retraite obligatoires expliquent cette propension à épargner.
Plus surprenant est le maintien d’un fort taux d’épargne pour financer la retraite chez les plus de 65 ans. 55 % des retraités déclarent maintenir un effort d’épargne en vue de compléter leur pension. Moins nombreux à le faire régulièrement que la moyenne des Français, ils sont néanmoins 40 % à indiquer le faire « quand c’est possible ».
Cette épargne vise à se constituer une réserve en cas de survenue d’un problème de dépendance. Elle est également réalisée pour venir en aide à ses enfants ou petits-enfants.
Jeunes et retraités, vive les pierres
Les retraités, comme les actifs, se rejoignent sur les moyens à mettre en œuvre pour améliorer leur retraite
Ils citent ainsi en priorité la possession de sa résidence principale puis, en deuxième position, les produits d’épargne à long terme.
Les retraités, à 75 % propriétaires de leur logement et n’ayant peu ou plus de charges d’emprunts à rembourser, jugent à 51 % que la possession de la résidence principale est la meilleure solution pour préparer sa retraite contre 46 % pour l’ensemble des Français. 42 % des jeunes actifs pensent de même.
Le recours à l’épargne longue obtient 22 % de citations, au niveau national et parmi les jeunes actifs (20 % pour les retraités), devant l’investissement immobilier et l’épargne-retraite.
Les produits individuels ont la cote
Retraités et jeunes actifs semblent davantage convaincus par l’épargne individuelle que l’ensemble des Français
Ainsi à titre personnel, ils sont respectivement 73 et 71 % à vouloir privilégier l’épargne individuelle en vue de la retraite (contre 68 % pour l’ensemble de la population). La méfiance vis-à-vis des systèmes collectifs peut expliquer ce résultat.
La plus grande mobilité des jeunes actifs sur le plan professionnel et géographique les incline à préférer les solutions individuelles).
Les retraités qui pour une large majorité ne travaillent plus préfèrent assez logiquement les produits individuels d’épargne retraite.
Au niveau des politiques publiques à soutenir dans ce domaine, les retraités persistent et signent en appelant de leurs vœux un soutien en faveur de l’épargne individuelle. 58 % des jeunes actifs, soit autant que l’ensemble de la population mais davantage que l’ensemble des actifs, partagent également cet avis.
Les opinions des jeunes actifs et des retraités n’obéissent pas aux mêmes considérations, même si elles peuvent se rapprocher.
La retraite est un sujet par nature abstrait pour les jeunes actifs quand elle est bien réelle pour les plus de 60 ans. Les premiers considèrent que le système sera remis en cause avant qu’ils n’arrivent à l’âge de la retraite quand les seconds entendent maintenir autant que possible leur pouvoir d’achat.
Cette convergence traduit bien la place particulière qu’occupe notre système de retraite. S’il est décrié, qualifié d’injuste et inefficace, la passion qu’il génère prouve également l’attachement des Français à son égard.
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