07.04.2022

Les femmes et la retraite

Le long combat de la parité

L’égalité entre les hommes et les femmes en matière de salaire progresse lentement en France. En ce qui concerne les retraites, les écarts demeurent importants car les pensions sont une photographie des situations professionnelles passées.

 

Ces écarts de revenus tant durant la vie professionnelle que lors de la retraite expliquent en grande partie les appréciations différentes des femmes sur l’assurance vieillesse et notamment sur les réformes menées. 

  La trop lente réduction des inégalités de revenus

Les inégalités de revenus entre hommes et femmes ont de multiples origines. Si à poste égal et à responsabilités égales, les écarts de salaire tendent, fort heureusement, à diminuer, la forte proportion des femmes à temps partiel et la nature des postes occupés expliquent leur existence. 
Selon l’INSEE, en 2020, 39,9 % des femmes en emploi occupent des postes d’employés, contre 12,5 % des hommes.

 

Si en revanche, 29,9 % des hommes sont ouvriers contre 7,9 % des femmes, les premiers sont également plus nombreux à exercer une activité en tant que cadres (respectivement 22,7 % contre 17,9 %). Près de 3 fois femmes sur 10 travaillent à temps partiel (27,4 % exactement), soit 3,3 fois plus que les hommes. 

 

En 2018, le salaire moyen d’une femme en équivalent temps plein était inférieur de 16,8 % à celui d’un homme quand il l’était de 20 % en 2009. La différence est encore plus marquée parmi les plus hautes rémunérations, notamment parce que les femmes sont sous-représentées dans le haut de la distribution des salaires. Selon l’INSEE, elles ne représentent que 19,5 % des 1 % des salariés les mieux rémunérés, contre 41,6 % de l’ensemble des salariés du privé. 
 

Ecart de salaires Hommes/Femmes

  D’importantes inégalités en matière de retraite

Fin 2019, les femmes résidant en France avaient, selon la DREES, une pension de droit direct (y compris l’éventuelle majoration de pension pour trois enfants ou plus) inférieure, en moyenne, de 40 % à celle des hommes. Cet écart était de 50 % en 2004.

 

Cette réduction s’explique par l’augmentation du taux d’activité des femmes qui accèdent par ailleurs davantage à des postes qualifiés et par la meilleure prise en compte des arrêts de travail pour maternité et pour l’éducation des enfants. Après prise en compte de la pension de réversion, dont les femmes sont principales bénéficiaires, l’écart de pension homme/femme passe à 28 % en 2019. 

 

En raison d’une part importante d’hommes avec un faible niveau de pension parmi les retraités résidant à l’étranger, l’écart de pension entre les femmes et les hommes est moins élevé lorsqu’il est calculé pour l’ensemble des retraités. La pension des femmes est alors inférieure de 37 % à celle des hommes au titre des droits direct et de 24 % après prise en compte de la pension de réversion.

Les femmes inquiètes concernant le pouvoir d’achat des pensions 

En septembre 2021, 73 % des femmes estiment que le niveau de pensions servies est ou sera insuffisant pour vivre correctement quand 55 % des hommes partagent ce point de vue. Parmi elles, 29 % considèrent même qu’il est « tout à fait insuffisant » (contre 20 % des hommes).

Jugement porté sur le niveau de sa pension

  Défiance des femmes à l’égard du système actuel de retraite

Près de sept femmes sur dix (69 %) pensent que le système de retraite tombera en faillite d’ici quelques années « s’il n’est pas profondément réformé ». Cette proportion est de 64 % pour l’ensemble des Français et 58 % chez les hommes.

 

Cet écart est à mettre en parallèle sur l’appréciation précédente du niveau des pensions par les femmes. 

Pérennité du système actuel

  Les femmes opposées au report de l’âge de la retraite

Seulement 27 % des femmes contre 31 % des hommes accepteraient l’idée d’un report de l’âge de départ à la retraite à 64 ans. Cette opposition est liée au fait qu’elles liquident plus tardivement leurs droits à pension que les hommes.

 

En 2019, selon la DARES, les femmes ont liquidé leurs droits à la retraite en moyenne 7 mois après les hommes, à 62 ans et 6 mois, contre 61 ans et 11 mois. 

 

Si elles sont plus inquiètes que les hommes en ce qui concerne l’avenir du système de retraite, elles sont plus nombreuses à rejeter toutes réformes pouvant les contraindre à travailler plus longtemps. Elles sont ainsi 53 % à manifester leur opposition à la fois à l’allongement de la durée de cotisation d’une part et le report progressif de l’âge légal d’autre part (contre 49 % des hommes).  

Les mesures à mettre en place

  Réforme des retraites : les femmes partagées entre désir d’égalité et prise en compte de certaines spécificités

Les femmes comme les hommes maintiennent leur préférence pour la mise en place d’un régime unique de retraite, fusionnant tous les systèmes existants.

 

Cette solution citée par 44 % de femmes, est encore plus populaire chez les hommes qui sont 50 % à la soutenir. Malgré l’opposition croissante à la réforme à compter de l’ouverture du débat parlementaire, une majorité relative de sondés demeure, en septembre 2021, réceptive au slogan « un euro cotisé donne les mêmes droits pour tous ». 

 

Au-delà de cette quête de transparence et d’égalité, une part non négligeable des sondés, plus particulièrement parmi les femmes, espère conserver un certain nombre d’avantages ou spécificités liés à leur statut et/ou à leurs conditions de travail. 36 % des femmes contre 26 % des hommes aspirent ainsi à un régime universel à la carte. 

 

Les femmes, davantage sujettes à des carrières entrecoupées en raison d’arrêts maternité, de congés parentaux ou encore de réduction de temps de travail sont de fait très attachées aux dispositifs compensatoires dont elles peuvent être destinataires, selon leur statut professionnel.

 

À ce titre, elles sont plus nombreuses que les hommes à soutenir l’introduction d’un système unique à condition que ce dernier prenne en compte les particularités ou spécificités statutaires.

Quel Système pour demain

 

Les femmes plus critiques que les hommes à l’égard du système actuel, sont moins favorables au statu quo. 20 % des sondées sont pour le maintien du système actuel contre 24 % des hommes interrogés. 

 

Toutefois, si l’option du statu quo en matière de retraite demeure minoritaire, tant chez les hommes que chez les femmes, cette troisième solution proposée dans les éditions 2018 et 2021 de l’enquête du Cercle de l’Épargne, est la seule à croître dans l’intervalle. Elle gagne 7 points chez les femmes et 10 points chez les hommes.

Avis sur 3 pistes envisagées

  Épargne retraite : une pratique moins répandue chez les femmes

61 % des interviewées déclarent ne pas épargner du tout dans l’optique de la retraite contre 51 % des hommes. Parmi les épargnantes en vue de la retraite, seules 6 % le font très régulièrement (contre 12 % des hommes).

Epargne en vue de la retraite

Cette moindre pratique de l’épargne en vue de la retraite tient principalement aux écarts de revenus précédemment évoqués. Faute de moyens suffisants, les femmes privilégient l’épargne de précaution pour répondre à des besoins de court terme. 

  Les femmes moins sensibilisées que les hommes au Plan d’Épargne Retraite 

Le Plan d’Épargne Retraite (PER) né de la loi du 22 mai 2019 relative à la croissance et la transformation des entreprises (loi PACTE), permet de se constituer un complément de revenus ou de capital en vue de la retraite. 72 % des femmes déclarent n’en avoir jamais entendu parler quand 63 % des hommes sont dans ce cas.

Connaissance du PER

Pour autant, 12 % des femmes déclarent avoir déjà souscrit un PER contre 9 % des hommes. Ainsi, une proportion non négligeable de femmes semble déjà convaincue par ce produit dont la commercialisation a débuté le 1er octobre 2019.

 

Elles sont par ailleurs plus nombreuses à manifester un intérêt pour le PER. 27 % d’entre elles indiquent avoir l’intention d’en souscrire un. Respectivement 5 % d’entre elles déclarent qu’elles le feront « certainement » et 22 % « probablement ». Les hommes sont un peu moins nombreux à l’envisager (24 % au total dont néanmoins 8 % déclarent vouloir « certainement » souscrire un PER). 

Souscrire un PER est-il envisagé

Si le principe de la réforme systémique version 2018 semble abandonné, des mesures sont susceptibles d’être prises après la période électorale qui se conclura en juin par les élections législatives.

 

La question de la revalorisation des pensions des femmes demeure un sujet d’actualité. Le relèvement du minimum contributif constitue pour de nombreuses femmes l’espoir d’une véritable amélioration de leur niveau de vie.

 

Le développement de l’épargne retraite sera, par ailleurs, un des moyens, dans les prochaines années, pour contribuer à préserver ce dernier dans une période d’inflation plus élevée. 

 

 

Les chiffres de cette étude sont tirés de l’enquête « les Français, l’épargne, la retraite et la dépendance ». Cette étude a été conduite par le Centre d’études et de connaissances sur l’opinion publique (CECOP) à la demande du Cercle de l’Épargne et d’Amphitéa. L’enquête a été réalisée sur internet les 1er et 2 septembre 2021 auprès d’un échantillon de 1 019 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, constitué d’après la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d’agglomération. Le terrain d’enquête a été confié à l’IFOP. 

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