18.12.2020

La retraite, l’épargne retraite, la dépendance

Enquête IFOP réalisée pour le CECOP pour le Cercle de l’Epargne

Le Ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a émis l’idée de relancer, en 2021, la discussion de la réforme des retraites qui s’est interrompue, au mois de mars dernier, en raison du déclenchement de l’épidémie. En l’état actuel, aucun consensus au sein de l’opinion publique se dégage sur le sujet.

 

Selon une enquête de l’IFOP réalisée pour le CECOP pour le Cercle de l’Epargne, 50 % de la population française s’exprimait fin septembre contre la mise en œuvre de la réforme des retraites visant à instituer un régime universel.

 

Les femmes sont plus opposées (54 %) que les hommes (44 %) à cette réforme même si a priori elle leur est plus favorable. Deux tiers des jeunes de moins de 24 ans sont prêts à adopter le nouveau système. Les 35/49 ans qui sont susceptibles d’être concernés y sont, en revanche, hostiles à 57 %.

 

Au niveau des catégories sociales, 58 % des ouvriers ne veulent pas de la réforme tant bien même qu’a priori ils pourraient y trouver un bénéfice financier. C’est la crainte du report de l’âge de départ à la retraite qui explique leur opposition. Les cadres moyens sont dans le même état d’esprit mais la peur n’est pas la même ; ces derniers craignent que le régime par points réduise le niveau de leur pension. Les cadres supérieurs sont plus enclins à accepter la réforme (61 %) ; ils cessent, en moyenne, leur vie professionnelle au-delà de 64 ans. 

Volonté de mise en œuvre de la réforme des retraites

Quel état d'esprit face à cette réforme ?

Si la moitié des Français ne sont pas hostiles à la réforme, cela ne signifie pas qu’ils soient prêts à l’accepter en l’état.

 

Le dispositif de l’âge pivot à 64 ans est clairement rejeté par une très grande majorité de la population. Seulement 19 % des sondés sont prêts à accepter la réforme dans sa totalité. Les commerçants – artisans et les cadres supérieurs - professions libérales sont les moins hostiles mais les scores restent faibles (respectivement 30 et 26 %). 31 % des Français sont disposés la reforme à la condition que l’âge pivot soit abandonné. Cette solution reçoit l’assentiment de 38 % des jeunes de 18 à 24 ans, de 38 % des employés et de 35 % des cadres. 


L’enquête menée par le Cercle de l’Epargne du mois de février 2020 soulignait bien l’hostilité de la population vis-à-vis de l’âge pivot. 54 % des sondés jugeaient alors cette mesure inacceptable. Ce taux atteignait 64 % pour les 45/64 ans. 

Plus des deux tiers des Français pensent que ses pensions ne leur permettent ou ne leur permettront pas de vivre correctement 

La crise sanitaire n’a pas provoqué une montée de l’inquiétude en ce qui concerne le niveau de vie à la retraite.

 

Entre l’enquête de février et celle de septembre 2020, les Français apparaissent légèrement plus optimistes en ce qui concerne leur niveau de vie à la retraite. Cette amélioration de quatre points est certainement liée au fait que les pensions sont moins dépendantes de la situation économique que les revenus professionnels.

 

Par ailleurs, ce jugement est également lié à la mise en suspens de la réforme des retraites. Ce sont les retraités qui se révèlent plus optimistes avec un gain de 7 points. Ils sont ainsi 44 % à penser que leurs pensions leur permettent de vivre correctement, contre 37 % en février. Au-delà de ces variations de court terme, une large majorité de Français est néanmoins inquiète en ce qui concerne son pouvoir d’achat à la retraite. 

Pension retraite pour les actifs
En tant que retraités, estimez-vous que votre pension est  pour vivre correctement est...

  Epargner pour la retraite

Un peu plus d’un Français sur deux déclare épargner, en 2020, en vue sa retraite. Ce résultat est le plus faible depuis que le Cercle de l’Epargne réalise des enquêtes sur le sujet.

 

En 2019, ce taux était de 57 %. La crise économique qui s’accompagne d’une crainte sur le niveau des revenus incite les Français à ne pas placer leur argent à long terme. La préférence dans la liquidité est à l’ordre du jour depuis le début de l’année. 
 

Epargne en vue de sa retraite

  Qui épargne ?

Sans surprise, les commerçants- artisans et les cadres supérieurs – professions libérales dont le taux de remplacement pour la retraite est faible et dont les revenus sont plus élevés épargnent davantage pour leur retraite que les autres catégories socio-professionnelles.

 

Il convient de souligner que 45 % des retraités déclarent continuer à épargner pour améliorer leur retraite. 

Epargnez-vous pour votre retraite?

  Le Plan d’Epargne Retraite, adoubé par l’opinion publique

Depuis le 1er octobre 2019, un nouveau produit d’épargne retraite a été institué, le Plan d’Epargne Retraite (PER). Ce produit remplace le Contrat Madelin, le PERP, le Perco, l’article 83, etc... 

 

Depuis le 1er octobre 2002, il n’est plus possible de souscrire un de ces produits. Le PER comporte deux volets, un individuel et un second de nature collective, souscrit dans le cadre de l’entreprise.

 

54 % des sondés se déclarent favorables au PER dont un tiers à titre individuel et 21 % dans le cadre collectif. Les moins de 45 ans sont nettement plus portés que ceux qui sont plus âgés à le souscrire de manière individuelle. 74 % des cadres et des professions libérales se déclarent prêts à souscrire à un PER et 72 % des jeunes. Ce souhait est en phase avec l’inquiétude de ces catégories de population sur la pérennité du système de retraite et sur l’évolution des pensions. 

Etes-vous favorable à souscrire un PER ?

Chez les titulaires de faibles revenus, la souscription individuelle est privilégiée sur celle réalisée en entreprise or ces derniers devraient préférer cette deuxième voie en raison de l’abondement de l’employeur. L’épargne en entreprise souffre d’une défiance du fait qu’elle donne l’impression d’être dans les mains de l’employeur. 

 

  La dépendance, un sujet de préoccupation de plus en plus important

53 % des Français se déclarent concernés par la question de la dépendance. Une petite majorité des hommes (51 %) indiquent ne pas être concernée. Les femmes qui sont plus impliquées dans l’aide aux personnes dépendantes se sentent à 57 % concernées. 

 

Fort logiquement, ce sont les plus de 65 ans qui se sentent les plus concernés (65 %) quand les jeunes de moins de 24 ans ne sont que 39 % à l’être. Deux tiers des retraités se disent évidemment concernés. En revanche, 61 % des ouvriers déclarent que ce problème ne les préoccupe pas.
 

Vous sentez-vous concerné par la dépendance ?

4 % des sondés se déclarent en situation de dépendance quand 35 % pensent y tomber. 7 % sont aidants et 14 % ont au moins un proche en situation de dépendance. Ainsi, 1,6 millions de personnes se considèrent en situation de dépendance à travers l’enquête du Cercle de l’Epargne, ce qui n’est pas très éloigné des chiffres officiels (en 2017, 1,3 million de personnes bénéficiaient de l’Allocation pour Perte d’Autonomie). 

Êtes vous concerné par la question de la dépendance  ?

  Pour des contrats dépendance complémentaires

70 % des Français sont favorables à la mise en place d’une complémentaire dépendance qui serait souscrit au moment du départ à la retraite. 53 % penchent pour un système facultatif quand 17 % se prononcent pour un système obligatoire qui offre l’avantage d’une large mutualisation. 

Prise en charge de la dépendance

Ls catégories les plus concernées sont plutôt pour les contrats facultatifs. Seuls 27 % des plus de 70 ans sont pour les contrats obligatoires. Ce taux est de 22 % chez les personnes préoccupées par la dépendance. Il est de 26 % pour les personnes dépendantes. 

 

41 % des ouvriers et des personnes ne disposant d’aucun produit d’épargne ainsi que 40 % des personnes sans patrimoine se déclarent favorable à la mise en place d’un système complémentaire. Ces catégories craignent, sans doute, de voir amputée leur pension de retraite et souhaitent bénéficier en cas de dépendance de la solidarité nationale. 
 

Les Français portés à la prudence 

Les Français sont, en pleine crise sanitaire, portés à la prudence et à l’attentisme en ce qui concerne l’épargne, la retraite et la dépendance. Ils veulent rester maître de leur épargne afin de pouvoir faire face à toutes les éventualités.

 

Il n’en demeure pas moins que la retraite reste un sujet majeur de préoccupation. 

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