23.06.2021

La réforme des retraites, stop ou encore ?

La question d’une éventuelle reprise de la discussion sur la réforme des retraites revient régulièrement 

Depuis la sortie du troisième confinement, la question d’une éventuelle reprise de la discussion sur la réforme des retraites revient régulièrement sur le devant de la scène. Si le gouvernement estime que le projet initial doit être revu au regard du contexte post crise sanitaire, il n’entend pas abandonner toute ambition sur le sujet.

 

À moins d’un an de l’élection présidentielle, la fenêtre de tir est étroite. Si le Conseil d’Orientation des Retraites a, dans son rapport 2021, souligné la persistance d’un déficit structurel modéré des régimes de retraite, la Cour des Comptes estime, dans le cadre de son rapport sur la stratégie de finances publiques pour la sortie de crise, que les pouvoirs publics doivent agir pour les équilibrer. 

 

La France a déjà beaucoup réformé ses régimes de retraite 

En introduction, les rapporteurs de la Cour des Comptes soulignent que les Français ont consenti depuis 1993 à de nombreux efforts en matière de retraite. Ils soulignent l’importance des mesures de désindexation des pensions et des salaires reportés aux comptes de carrière ainsi que la modification du calcul du salaire de référence. Ce dernier est désormais calculé sur les 25 meilleures années et non plus sur les 10.

 

Les auteurs du rapport mentionnent le passage de la durée d’assurance de 37 ans et demi à 43 ans ainsi que le recul progressif de l’âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans et de l’âge d’annulation de la décote en cas de non-respect de la durée d’assurance de 65 à 67 ans.

 

Ils rappellent le processus d’harmonisation engagé depuis une vingtaine d’années concernant les régimes de base, les régimes spéciaux et ceux de la fonction publique.

 

Les rapporteurs mentionnent également les mesures prises par les partenaires sociaux pour maintenir à l’équilibre les régimes complémentaires.

 

Selon la Cour, l’ensemble des réformes passées des retraites de base et complémentaires a entraîné une forte réduction des dépenses par rapport à l'évolution tendancielle. En 2030, les retraites représenteraient un peu moins de 14 % du PIB, soit un niveau comparable à celui d’avant crise, contre 20 % si les réformes n’étaient pas intervenues.

 

Un nécessaire rééquilibrage des comptes pour l’avenir

En reprenant les travaux du Conseil d’Orientation des Retraites, la Cour des Comptes appelle de ses vœux de nouvelles adaptations possibles pour maîtriser l’évolution des dépenses.

 

L’évolution de la démographie française l’inquiète tout particulièrement. Le nombre d’actifs rapporté à celui des retraités pour le régime général des salariés du secteur privé est passé de 4,5 en 1965 à 1,8 en 1992, puis à 1,4 en 2019. Cette baisse du ratio actifs/inactifs, de près d’un quart, traduit l’arrivée à l’âge de la retraite des générations du baby-boom nées à partir de 1945. Compte tenu de la démographie encore plus défavorable de la plupart des autres régimes de retraite (fonctionnaires de l’État, régimes agricoles, régimes spéciaux), ce ratio n’est plus que de 1,1 en moyenne pour l’ensemble des régimes de retraite. Cela signifie qu’en moyenne, chaque actif finance la pension d’un retraité. 

 

La Cour des Comptes souligne que le niveau de vie moyen des ménages de plus de 65 ans dépasse celui de l’ensemble de la population (de 2,9 % en 2018). Cet écart atteint 9,1 % en prenant en compte le fait que les retraités sont plus souvent propriétaires de leur logement. Elle s’appuie sur des données un peu plus favorables que celles du COR et note que cette situation constitue une spécificité française.

 

Elle s’interroge sur l’équilibre des charges entre les différentes générations d’autant plus que l’endettement augmente rapidement. Elle pointe une autre particularité française : le départ précoce à la retraite. Si l’âge effectif de départ à la retraite s’est accru de deux ans à la suite de la réforme de 2010, il reste très inférieur à celui de nos partenaires européens, conduisant à des durées de versement pouvant atteindre en moyenne près de 27 ans pour les femmes et 23 ans pour les hommes, contre 22 ans et 19 ans en Allemagne ou 21 ans et 18 ans en Suède. Si le taux d’emploi des seniors en France a progressé, entre 2003 et 2019, de 54,4 % à 72,7 % pour les 55-59 ans et de 13,4 % à 32,5 % pour les 60-64 ans, il reste notablement inférieur à celui de la plupart de nos partenaires.
 

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