10.10.2022

La course aux trimestres !

Obtenir une retraite à taux plein

Pour obtenir une retraite à taux plein, les assurés doivent cotiser ou valider un nombre minimum de trimestres. Avec la réforme Touraine de 2010, le nombre de trimestres exigés passera de 166 pour la génération 1957 à 172 pour la génération 1973 soit 43 ans. À défaut d’avoir le nombre de trimestres requis, avant 67 ans, des malus s’appliquent.

 

Sur ce sujet clef pour le calcul des pensions de retraite, la  Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) a publié une étude sur les durées d’assurance en fonction des années de naissance des assurés. L’étude est centrée sur les assurés nés entre 1946 et 1994. 

 

Les jeunes générations ont plus de difficultés que leurs aînés à acquérir des trimestres avant 30 ans. L’écart pour la validation des trimestres, entre les hommes et les femmes, s’estompe voire s’inverse. Cette évolution est la conséquence tant de l’amélioration de l’activité féminine que de la meilleure prise en compte des maternités. Pour la diminution du nombre de trimestres validés avant 30 ans, la situation économique et l’allongement de la durée des études constituent les deux explications primordiales. 
 

À 30 ans, les assurés ont validé huit trimestres en moyenne

Avec l’allongement de la durée de formation initiale, la durée d’assurance moyenne validée pour la retraite à 30 ans a fortement diminué entre les générations 1950 et 1976 (de 43,1 trimestres à 31,8 trimestres). Elle stagne autour de 32 trimestres pour les générations suivantes. L’augmentation du chômage dans les années 1980 et 1990 a également contribué à la diminution du nombre de trimestres validés. 

 

Depuis les années 1960, de moins en moins d’assurés ont débuté leur carrière avant 17 ans et donc validé au moins 50 trimestres avant l’âge de 30 ans. Pour la génération 1950, ce sont deux personnes sur cinq qui ont validé plus de 50 trimestres, contre seulement une sur vingt pour la génération 1976. L’âge moyen de première validation d’une année complète a augmenté, selon la DREES, d’environ 3 ans et demi entre ces deux générations, passant de 19,3 ans à 23 ans pour les femmes et de 18,8 à 22,3 ans pour les hommes.

 

Quelle que soit la génération considérée, la durée moyenne validée à 30 ans par les femmes est inférieure à celle des hommes. L’écart entre les deux sexes tend à se réduire sensiblement au fil des générations, en raison notamment de la participation accrue des femmes au marché du travail. À 30 ans, celles qui sont nées en 1946 ont validé, selon la DREES, en moyenne 6,5 trimestres de moins que les hommes, contre 3 trimestres de moins pour celles nées en 1966 et seulement 0,3 trimestre de moins pour celles nées en 1986. Les femmes ont de plus en plus tendance à effectuer des études longues. Par ailleurs, elles sont moins confrontées que les hommes à la problématique de l’échec scolaire. 

 

Le recul progressif des durées validées avant l’âge de 30 ans à mesure des générations est très prononcé sur les tranches d’âge inférieures à 25 ans. En revanche, entre 25 et 29 ans, la validation de trimestres a nettement augmenté pour les femmes entre les générations 1946 (13 trimestres) et 1956 (14,9 trimestres), en raison à la fois des droits validés à la retraite au titre de l’assurance vieillesse des parents au foyer (AVPF) créée en 1972 et de la progression de l’activité professionnelle féminine.

 

Pour les générations plus récentes, l’augmentation est plus modérée. Le rythme quinquennal de validation pour les hommes atteint son plus haut niveau observé pour la génération 1946 (16,7 trimestres), décroît régulièrement jusqu’à la génération 1970 (14,8 trimestres), puis se stabilise autour de 15 trimestres pour les suivantes. Sur cette tranche d’âge, à partir de la génération 1956, les femmes comme les hommes valident en moyenne moins de 4 années sur les 5 possibles. L’essor du chômage à partir des années 1980 contribue également à ce recul. 
 

Les femmes des générations 1970 valident autant de trimestres que les hommes entre 35 et 44 ans

Pour chacune des générations, femmes et hommes confondus, le rythme de validation de trimestres pour la retraite s’accroît progressivement avec l’âge en début de carrière, et diminue nettement après 55 ans. Le nombre moyen de trimestres validés est ainsi plus faible avant 30 ans et après 55 ans que sur la tranche d’âge médiane de 30 à 54 ans.

 

Sur les tranches d’âge quinquennales comprises entre 30 et 49 ans, les femmes valident en moyenne au moins 4 années sur 5 à compter de la génération 1968 pour la tranche 40-44 ans, de la génération 1972 pour la tranche 35-39 ans et, enfin, de la génération 1980 pour la tranche 30-34 ans. Sur ces tranches d’âge, ces dernières ont validé en moyenne plus de 4 ans au début des années 2010.

 

En revanche, les hommes valident plus de 4 années sur les 5 possibles dès la génération 1950 jusqu’à la génération 1974, exception faite de ceux nés entre 1964 et 1968, qui valident un peu moins de 4 années entre 30 et 34 ans. Sur ces mêmes quatre tranches d’âge quinquennales, le rythme de validation pour les femmes augmente régulièrement au fil des générations, tandis que celui des hommes baisse légèrement à partir de la génération 1954. Les hommes connaissent une légère dégradation de leur taux d’emploi avec la succession des crises. 

 

Sur l’ensemble de la tranche d’âge allant de 30 à 49 ans, la durée d’assurance validée en moyenne a ainsi crû pour les femmes de 55,6 trimestres pour la génération 1946 à 63 trimestres pour celles qui sont nées en 1968, soit une hausse de quasiment deux ans. Celle-ci s’explique à la fois par l’essor de l’activité féminine et par l’extension progressive de l’AVPF à un champ plus large de bénéficiaires à partir de 1985. Si les femmes réduisent ou interrompent plus souvent leur activité que les hommes pour élever leurs enfants, elles bénéficient d’une compensation partielle par la validation de trimestres obtenus grâce à l’AVPF. En comparaison, la durée d’assurance validée pour les hommes est restée relativement stable autour de 65 trimestres pour les générations 1946 à 1968. 

 

La part de femmes validant une durée complète entre 30 et 49 ans augmente. Sur la tranche d’âge 30-39 ans, la réduction des écarts de durée validée entre hommes et femmes entre générations est importante. La part des personnes, non retraitées sur cette période, validant moins de 20 trimestres sur cette tranche d’âge a diminué de presque 11 points pour les femmes, mais a augmenté de 2 points pour les hommes entre les générations 1946 et 1978. Dans le même temps, la proportion des personnes ayant validé 40 trimestres sur la même tranche d’âge 30-39 ans (c’est-à-dire l’intégralité des 10 années possibles sur cette tranche d’âge) tend à converger entre hommes et femmes : parmi les assurés nés en 1946, plus des deux tiers des hommes et un peu plus de 4 femmes sur 10 avaient ainsi une validation complète. Pour la génération 1978, les taux présentent un écart de 6 points, 57 % pour les hommes et 51 % pour les femmes.

 

Entre 40 et 49 ans, le constat est le même : la part de femmes, non retraitées sur cette période, ayant validé l’intégralité des 40 trimestres a crû de 7 points entre les générations 1946 et 1968, tandis que celle des hommes non retraités sur cette période a diminué de 3,5 points.

 

À 49 ans, l’écart des durées d’assurance validées moyennes depuis le début de la carrière s’est réduit fortement entre les deux sexes au fil du temps : les hommes de la génération 1946 (y compris ceux déjà retraités à cet âge) valident 106 trimestres, contre 95 trimestres pour les femmes (y compris celles déjà retraitées à cet âge), alors que ceux de la génération 1968 en valident 94, contre 92 pour les femmes. Cette réduction correspond donc à près de 3 années en 22 générations. 
 

Le rythme de validation de trimestres moins rapide en fin de carrière

Entre 55 et 59 ans, et pour chaque génération, le rythme moyen de validation de trimestres diminue par rapport à la tranche d’âge précédente. Cette baisse est constatée même en excluant du champ les personnes parties en retraite anticipée avant 60 ans. Par exemple, les hommes de la génération 1958 valident en moyenne 15,7 trimestres et les femmes 14,4 trimestres entre 55 et 59 ans, contre respectivement 16,2 et 14,8 trimestres entre 50 et 54 ans.

 

Cette baisse du rythme de validation avec l’âge en fin de carrière s’explique notamment par une part plus grande d’affiliés ne validant aucun trimestre au cours des 5 années précédant la retraite, un phénomène encore plus marqué chez les femmes. De façon plus générale, à génération donnée, le nombre moyen de trimestres validés baisse dans toutes les tranches d’âge par rapport à la tranche d’âge précédente à partir de 40 ans. L’ampleur de cette baisse reste toutefois nettement plus modérée avant 55 ans qu’elle ne l’est après cet âge. 

 

Malgré cela, le nombre de trimestres validés après 50 ans augmente régulièrement au fil des générations. Le report de l’âge de départ à la retraite et l’augmentation de la durée de cotisation expliquent cette évolution.

 

Entre 55 et 59 ans, il augmente de 2 trimestres pour les femmes et de 1,4 trimestre pour les hommes, entre les générations 1946 et 1958. La diminution du rythme de validation par rapport à la tranche de 50 à 54 ans s’amenuise également progressivement au fil des générations : l’écart est de 0,4 trimestre pour ceux nés en 1958, contre plus d’1 trimestre pour ceux nés en 1946.

 

La part d’individus (non retraités) ne validant aucun trimestre entre 50 et 59 ans diminue progressivement au fil des générations, mais demeure plus élevée que pour les tranches d’âge précédentes. Cette part reste plus élevée pour les femmes que pour les hommes : 26 % des femmes nées en 1946 et 18 % de celles nées en 1958, contre 22 % des hommes nés en 1946 et 13 % de ceux nés en 1958.

 

À l’opposé, la part d’individus validant la totalité des trimestres augmente au fil des générations : pour la génération 1958, deux tiers (66 %) des hommes valident la totalité des trimestres entre 50 et 59 ans, soit 10 points de plus que les femmes, contre 61 % en 1946, soit 15 points de plus que les femmes de cette génération.
 

À 50 ans, les trimestres non cotisés représentent un peu plus de 20 % des durées validées par les femmes

Outre les trimestres cotisés au titre de l’emploi, la durée validée auprès des régimes de retraite comprend les trimestres acquis au titre de l’AVPF et les trimestres dits « assimilés » (donc non cotisés) – ceux validés au titre du service national ou bien ceux acquis au titre du chômage, de la préretraite publique, de la reconversion, de la formation, de la maladie, de la maternité, de l’invalidité et des accidents du travail. À tout âge, la part de trimestres validés (y compris service national) à ce titre par les hommes est nettement moindre que celle des femmes. Pour les personnes nées entre 1954 et 1966, ils représentent, à 50 ans, 6 % à 11 % des durées validées pour les hommes contre un peu plus de 20 % pour les femmes. Pour ces dernières, cette part augmente jusqu’à 35 ans environ (âge de la maternité) et peut atteindre un quart des trimestres validés. Cette hausse est principalement due à l’AVPF. 

 

Les premières générations d’après-guerre ont bénéficié progressivement de la possibilité de valider des trimestres de retraite au titre de l’AVPF, ce dispositif ayant été créé en 1972 et s’étant élargi par la suite. Le nombre moyen de trimestres de retraite validés par les femmes à ce titre augmente donc au fil des générations parmi les plus anciennes, quel que soit l’âge d’observation. Ce dispositif a contribué à rapprocher les durées validées par les femmes de celles des hommes.

 

Au fil des générations, le nombre de trimestres AVPF acquis en moyenne par les femmes croît pour celles nées avant le milieu des années 1950, puis diminue légèrement pour celles nées après. En fin de carrière, les femmes nées entre 1954 et 1962 ont validé en moyenne 12 à 13 trimestres utiles à ce titre, soit environ 13 % de leur durée totale validée fin 2017. Sur le champ des bénéficiaires de l’AVPF parmi ces générations, le cumul de trimestres validés à ce titre est compris entre 26 et 28 trimestres, soit en moyenne 29 % de la durée totale validée fin 2017.

 

À 50 ans, les femmes ont quasiment acquis la totalité des trimestres AVPF auxquels elles ont droit. Pour les générations 1954 à 1966, presque la moitié des femmes ont bénéficié de trimestres AVPF. Bien que les hommes puissent bénéficier de l’AVPF depuis 1979, l’acquisition de trimestres à ce titre reste marginale. 2 % à 7 % de ceux nés entre 1946 et 1986 ont validé au moins un trimestre d’AVPF utile au cours de leur carrière, pour un cumul moyen de 7 à 10 trimestres d’AVPF sur le champ des bénéficiaires de 50 ans ou plus fin 2017 et de 4 à 7 trimestres pour les bénéficiaires trentenaires et quadragénaires fin 2017 du chômage très sensible à la conjoncture économique rencontrée en début de carrière. 

 

À âge donné, le cumul du nombre de trimestres utiles validés au titre du chômage, de la préretraite, de la reconversion et de la formation augmente au fil des générations jusqu’à celle née en 1968. À 30 ans, il varie de quasiment 0 trimestre pour la génération 1946 à 2,0 trimestres en moyenne pour la génération 1968, avant de diminuer jusqu’à la génération 1976 à 1,4 trimestre. Au-delà, il réaugmente quelque peu (1,6 trimestre pour la génération 1986). Les personnes nées au cours de la seconde moitié des années 1970 ont bénéficié de l’amélioration conjoncturelle de la fin des années 1990.

 

Les durées validées au titre du chômage en début de carrière augmentent à nouveau à partir de la génération née en 1982, en raison de la forte augmentation du chômage après 2008. La proportion d’affiliés ayant validé avant 30 ans au moins un trimestre au titre du chômage, de la préretraite, de la reconversion et de la formation, qui était de plus d’un tiers pour la génération 1966, diminue à un peu plus d’un quart pour la génération 1976, mais augmente à nouveau à plus d’un tiers pour la génération 1986.

 

Pour les générations 1946 et 1950, le cumul des trimestres utiles validés au titre du chômage, de la préretraite, de la reconversion et de la formation augmente de manière significative à partir de 35 ans, âge atteint par ces générations au début de la période de montée du chômage, c’est-à-dire à la fin des années 1970.

 

Ce phénomène s’accentue nettement à partir de 55 ans, âge caractérisé par d’importants dispositifs de préretraite pour les générations les plus anciennes et par un faible taux d’emploi des seniors pour ces générations. Cette différence d’évolution entre générations est notamment liée au contexte économique qui les touche à différents moments de leur carrière. 
 

La validation de trimestres au titre de la maladie augmente avec l’âge après 40 ans

Les autres situations donnant droit à des trimestres assimilés sont la maladie, la maternité, l’invalidité et les accidents du travail. Le nombre de trimestres utiles validés pour ces motifs est relativement faible à tout âge et pour toutes les générations.

 

Quels que soient l’âge, le sexe et la génération, ils représentent moins de 2 % des validations totales depuis le début de carrière et ils restent inférieurs à 1 % pour ceux qui ont moins de 50 ans fin 2017.

 

Pour les femmes comme pour les hommes, ces trimestres sont acquis, pour l’essentiel, en fin de carrière. À partir de 40 ans, le cumul de ces trimestres augmente et accélère fortement après 50 ans. De 0,3 à 0,4 trimestre à 40 ans pour toutes les générations, il s’élève de 0,7 à 1,0 trimestre à 50 ans. L’écart entre les générations, et notamment après la génération 1950, se creuse après l’âge de 55 ans. À 60 ans, le nombre moyen de trimestres ainsi validés est de 2,5 trimestres pour les générations 1954 et 1956, soit un demi-trimestre de plus par rapport aux générations antérieures.

 

Cette hausse s’explique en partie par le relèvement de l’âge d’ouverture des droits prévu par la réforme de 2010 et instauré à compter de la génération 1951. Quelle que soit la génération, les femmes valident plus souvent des trimestres à ce titre que les hommes : fin 2017, 19,4 % des femmes nées en 1966 cumulent des trimestres au titre de la maladie, de la maternité, de l’invalidité ou des accidents du travail, contre 9,0 % des hommes de cette même génération, l’écart s’accentuant aux âges de la maternité. En revanche, les durées validées à ce titre sont moins importantes pour les femmes que pour les hommes : les femmes nées en 1966 qui cumulent des trimestres de maladie, maternité, invalidité, accidents du travail, en ont validé en moyenne 5,9, contre 9,7 trimestres pour les hommes.

 

Compte tenu des réformes adoptées depuis une vingtaine d’années, les femmes devraient d’ici quelques années valider un plus grand nombre de trimestres que les hommes, ce qui devrait leur permettre de partir plus tôt à la retraite, sachant qu’à l’heure actuelle elles partent après leurs homologues masculins (62,6 ans pour les femmes contre 62 ans pour les hommes). Par ailleurs, il convient de souligner que l’écart de pensions entre les hommes et les femmes demeure important.

 

Fin 2020, les femmes résidant en France ont une pension de droit direct inférieure, en moyenne, de 40 % à celle des hommes. Cet écart était de 50 % en 2004.

 

Après la prise en compte des pensions de réversion, la pension des femmes est en moyenne inférieure de 28 % à celle des hommes en 2020. 
 

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