26.03.2018

Du bon usage de l’épargne retraite ....

Eric Jeanneau, Président de l'UMR

Du bon usage de l’épargne retraite pour permettre aux Français de se projeter avec confiance en l’avenir

 

À quelques semaines de la présentation du projet de loi PACTE à l’Assemblée nationale par le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, les premières informations soulignent la volonté du Gouvernement d’orienter davantage l’épargne des Français vers le financement des entreprises. Parmi les mesures à l’étude, figure l’idée de "développer et simplifier les produits d’épargne retraite".


Il n'en fallait pas moins pour raviver le débat entre professionnels du secteur de l'épargne retraite, opposant d'un côté les tenants de la sortie en capital et de l'autre ceux de la sortie en rente viagère .


Longtemps habitués à tort à voir dans l'assurance-vie une solution universelle, les Français seraient selon certains viscéralement attachés à la possibilité de récupérer dès leur passage à la retraite la disponibilité de l'ensemble des fonds épargnés. C'est oublier un peu vite que la préparation de la retraite renvoie à des enjeux spécifiques qu'il est essentiel de comprendre pour l'épargnant qui doit préparer aujourd'hui sa future retraite.


Se garantir une retraite sereine
À l'image du pécule patiemment mis de côté sous le matelas, la sortie intégrale en capital donne l'illusion de la sécurité. Il semble pouvoir servir à tout : financer voyages et activités, soutenir ses enfants, faire face aux coups durs... Mais rien ne garantit qu'il sera suffisant pour combler le déficit de pouvoir d'achat qui s'accroît au fil des années, pour financer les besoins de la fin de vie, notamment en cas de perte d'autonomie. La responsabilité de son utilisation prudente et le risque sur sa valeur sont supportés par l'individu confronté aux aléas de la vie et aux fluctuations de l'économie.

 

Or si la hausse de l'espérance de vie est indéniablement une excellente nouvelle, elle accroît mécaniquement ce que les spécialistes appellent le "risque" de longévité. La probabilité pour un homme de vivre au-delà de 90 ans est deux fois plus élevée parmi la génération née en 1980, celle qui doit aujourd'hui épargner pour sa retraite, que parmi la génération née en 1950, soit celle des retraités actuels. Parmi les femmes nées dans les années 1970, 6 sur 10 vivront au-delà de cet âge.

 

Ce sont ces générations d'actifs qui expriment la plus forte inquiétude pour leur retraite. Leur redonner confiance en l'avenir est essentiel afin qu'ils puissent se projeter vers un horizon perçu, pour le moment, comme éloigné et incertain. Pour cela, l'État a avant tout la responsabilité d'apporter la garantie d'un système public de retraite par répartition transparent et de haut niveau. Il se doit en complément de favoriser l'accessibilité à des produits d'épargne retraite adaptés. Seul un produit d'épargne retraite avec sortie en rente mutualise le risque de longévité et assure ainsi de s'en prémunir. Mieux, en apportant la certitude d'un complément de revenu à vie, il permet à chacun de vivre pleinement et sereinement sa retraite, sans mettre en péril le patrimoine qu'il souhaite transmettre.


Un complément de retraite qui se doit d'être simple, souple et performant
La sortie obligatoire en rente n'exclut pas des possibilités de débloquer une partie de son capital en cas de situation exceptionnelle ou dans la limite d'un plafond limité lors de la liquidation. Ces aspects pourraient utilement faire l'objet d'une uniformisation afin de faciliter la compréhension et la comparaison des produits. Cependant, ces possibilités doivent rester limitées, à la fois pour apporter la protection nécessaire à l'épargnant et la performance économique qu'il en attend.
 

À cette condition, l'épargne retraite réconciliera deux objectifs jusqu'alors antinomiques. Elle permettra d'abord à tous les épargnants, au travers de la mutualisation réalisée par l'assureur et le temps long de l'investissement, d'accéder à un panel de placements performants très diversifiés (actions cotées et non cotées, immobilier, infrastructures, etc.). Elle contribuera ensuite à la réorientation de l'épargne vers le financement des entreprises, mais aussi de la transition écologique, comme souhaité par le gouvernement.


Mettre en place un produit d'épargne retraite simple et protecteur est une occasion unique de clarifier la valeur d'usage de l'épargne et, ce faisant, de permettre aux Français de se projeter avec confiance en l'avenir. Ne la laissons pas passer !

 

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