07.06.2019

Interview d'Eric Jeanneau, Président de l'Union Mutualiste Retraite

L'Argus de l'Assurance.com - 06 06 2019

"Les Français non imposables sont les grands oubliés de l’épargne retraite"

 

Nombre de Français n’ont tout simplement pas la capacité d’épargne suffisante pour cotiser à un plan d’épargne retraite. Pour l’UMR, dont nous publions les résultats d’un sondage, la rente reste la meilleure réponse.


La faiblesse de l’ épargne retraite n’est pas qu’une question de prise de conscience, de méconnaissance des produits et de freins psychologiques. C’est aussi un problème de capacité d’épargne. Selon un sondage réalisé par TMO Marketing pour le compte de l’ Union Mutualiste Retraite (UMR) auprès de 1000 Français de 25 à 55 ans, 43% ne sont pas en mesure d’épargner plus de 50 euros par mois. Cette proportion monte à 68% pour les CSP-.

 

« Une situation qui révèle un besoin urgent d’inciter les Français à épargner régulièrement, très tôt dans leur vie active » , relève l’UMR qui gère le Corem , une solution de retraite supplémentaire par points avec sortie en rente viagère . Or, c’est en moyenne à 41 ans que les individus envisagent de commencer à préparer
leur retraite.


Priorité à l'épargne de précaution et à la propriété
L’épargne retraite est la famille d’épargne la moins détenue (18%), derrière le livret A, l’assurance vie, le PEL ou encore le PEA. Seuls 28% des sondés estiment que le PERP , le Madelin et les autres plans d’épargne retraite sont les meilleurs moyens de préparer financièrement la fin de la vie active. Devenir propriétaire de son logement est de loin la meilleure solution selon eux (72%).

 

Or, avec une épargne retraite bloquée par définition jusqu’à la retraite et une capacité d’épargne limitée, difficile de faire les deux à la fois jusqu’à l’acquisition de la résidence principale. A ce titre, la généralisation de la sortie anticipée pour l’achat de la résidence principale prévue par la loi Pacte pourrait être un bon déclencheur et un levier commercial pour les assureurs.


Les Français reprochent à l’épargne retraite une faible rentabilité à long terme (24%), un retour sur investissement incertain (10%), et le blocage des fonds jusqu’à la retraite (9%). Cependant, ils seraient 35%, selon ce sondage, à privilégier une sortie en rente viagère. Préférence qui diminue paradoxalement avec l’âge.


Un abondement pour les ménages non imposables
Les adhérents du Corem par exemple, le produit phare de l’UMR, bénéficient d’une rente moyenne de 1 589 euros par an. Cela peut paraître peu, cependant Eric Jeanneau, le président de l’UMR , souligne qu’avec une retraite moyenne autour de 1400 euros en France (1389 euros bruts selon la Drees), cela représente tout de même près de 10% de revenu en plus. « Multiplié par 20 ou 30 ans, c’est loin d’être négligeable » , note le président de l’UMR. « Notre plus vieille adhérente, une ancienne enseignante, a 107 ans. Cela fait 52 ans que nous lui versons un complément retraite » , ajoute-t-il. Et de souligner la simplicité et la souplesse de la rente versus la sortie en capital. « Si on sort en capital, il faut savoir le replacer. Ou bien il faut être en mesure de gérer les sorties fractionnées. »

 

A la lumière de ce sondage, Eric Jeanneau a une proposition : « il faudrait pouvoir aider les Français non imposables à économiser sur des produits d’épargne retraite, car ils ne peuvent pas bénéficier de la déduction fiscale des cotisations. C’est ce que fait l’Allemagne par le biais d’un abondement de l’Etat, majoré pour les moins de 30 ans ».

 

A l’autre bout du spectre, les CSP+ sont l’autre catégorie à travailler pour les assureurs. D’après le sondage de l’UMR, ils ne sont que 20% à détenir un produit d’épargne retraite.

 

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