Retraite, les clefs du débat
Note INSEE - juin 2022
L’institut statistique français, l’INSEE, dans une note publiée à la fin du mois de juin souligne que la situation démographique pour les retraités se tend en raison d’un potentiel déclin de la population active dans les prochaines années, sachant que le nombre de retraités passera de 17 à 23 millions d’ici 2050.
Le rapport des cotisants par rapport aux retraités qui était de 4 dans les années 1970 tend immanquablement vers 1,2.
En moyenne en 2021, la France comptait 30,1 millions d’actifs dont 27,7 millions occupent un emploi et 2,4 millions sont au chômage. En 1975, le pays comptait 23,2 millions d’actifs.
Longtemps, la population active a cru de 200 000 par an. La hausse ne dépasse plus 70 000 par an et devrait, d’ici 2040, céder la place à une baisse. Moins d’actifs, c’est moins de cotisants et plus de retraités. Cela implique des problèmes de financement des systèmes de retraite surtout si la croissance se met aux abonnés absents.
Le déficit en 2021 du système de retraite était de 2,6 milliards d’euros. Avant prise en compte des nouvelles données démographiques, ce déficit devait atteindre une dizaine de milliards d’euros d’ici 2030. Pour éviter un emballement des déficits une augmentation du taux d’emploi est nécessaire. Ce dernier est, en France, particulièrement faible, 67 %, contre 76 % en Allemagne.
Des progrès sont à réaliser tant au niveau de l’emploi des jeunes qu’à celui des seniors. Une montée en gamme de l’économie française est également une ardente nécessité afin d’enrichir notre activité et donc améliorer la croissance. Au-delà de l’épineuse question des déficits, les pouvoirs publics se doivent de régler le niveau des petites pensions et celle de la répartition des charges entre les générations.
La nécessité de revaloriser les petites pensions, celles inférieures à 1 200 euros apparaît légitime. Il est également admis que le pouvoir d’achat des pensions doit être maintenu. Or, toute revalorisation d’un point des pensions coûte 3,4 milliards d’euros sur un an.
La France est le pays qui, avec l’Italie, consacre le plus de sa richesse nationale à la retraite, environ 14 % du PIB. Cet effort est essentiellement supporté par les actifs. Une augmentation des dépenses de retraite renchérirait le coût du travail et pèserait tout à la fois sur la compétitivité des entreprises et le pouvoir d’achat des salariés.
Les Français sont attachés à un départ à la retraite autour de 62 ans. Ils sont majoritairement hostiles au report à 64 ou à 65 ans. Ils indiquent, par ailleurs, qu’ils sont inquiets pour l’évolution du montant de leurs pensions. La France devrait s’inspirer des modèles étrangers où la retraite repose sur plusieurs piliers forts, la répartition en charge de la solidarité générationnelle, la capitalisation collective permettant une participation de l’employeur et la capitalisation individuelle qui repose sur l’épargne des ménages.
Au sein de l’OCDE, ces deux derniers piliers assurent en moyenne 15 % des revenus des ménages, contre 2,3 % en France. Sans remettre en cause la répartition, il est possible tout à la fois d’améliorer à terme le pouvoir d’achat des ménages et de faciliter le financement de l’économie en développant les piliers par capitalisation.
L’instauration du Plan d’Épargne Retraite en 2019 a constitué une étape importante vers l’affirmation au sein du monde de la retraite des piliers par capitalisation. La montée en puissance qui est réelle depuis deux ans mérite d’être amplifiée.
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