Les Français vont-ils changer de comportement en matière d'épargne ?
Les derniers chiffres de la Banque de France
Les épargnants à la croisée des chemins en ce début d’année
Avec des taux négatifs, les Français vont-ils changer de comportement ? Vont-ils renoncer à épargner ou vont-ils réorienter leur épargne vers des placements dits à risques ?
Les derniers chiffres publiés sur le sujet, faute de pouvoir donner une réelle tendance de fond, montrent que les Français cherchent leur voie.
Les ménages sont, depuis plus d’un an, en mode « fourmis ». Le taux d’épargne avoisine 15 % du revenu disponible brut. La situation économique, sociale et maintenant épidémique crée un contexte anxiogène incitant à l’épargne.
La discussion de la réforme des retraites amène également les Français à s’interroger sur leur niveau de vie après leur cessation d’activité. Tout concourt donc au renforcement de l’effort d’épargne.
Selon les derniers chiffres de la Banque de France, plus des trois quarts des flux d’épargne des ménages ont été investis en produits de taux. Le numéraire et les dépôts à vue ont dépassé, pour la première fois, la barre des 600 milliards d’euros (603,8 milliards d’euros) au 3e trimestre 2019. L’épargne réglementée (Livret A, PEL, Livret Jeune, etc.) s’élève, de son côté, à plus de 768 milliards d’euros.
Un Livret A inoxydable
Au mois de janvier, le Livret A a une fois de plus créé la surprise avec une collecte de 4,13 milliards d’euros. L’annonce de la baisse de son rendement à 0,5 % n’a eu aucun effet sur la collecte. Pour la première fois de son histoire, l’encours du Livret A dépasse les 300 milliards d’euros (302,7 milliards en janvier contre 298,6 milliards d’euros en décembre).
En dix ans, l’encours a progressé de 54 %.
Au cours du premier mois de l’année, 9 millions de ménages, en plus des primes et des étrennes de fin d’année, ont pu épargner sur leur Livret A tout ou partie de l’avance des crédits d’impôt versée par l’administration fiscale le 15 janvier. Au total, l’État a reversé 5,5 milliards d'euros représentant 60 % du montant des crédits d’impôt de l’année 2020.
La percée confirmée des unités de compte pour l’assurance vie
L’assurance vie a commencé moderato l’année 2020 avec une collecte nette de 500 millions d’euros au mois de janvier. Cette collecte relativement faible au regard des résultats passés est riche d’enseignements. Le produit ne souffre d’aucune défiance de la part des épargnants. La collecte brute a été de 11,8 milliards d’euros en janvier.
Plus du tiers de la collecte a été réalisé en unités de compte. Le montant des rachats et des prestations qui s’établit à 11,3 milliards d’euros au mois de janvier, est en hausse.
Le montant des prestations tend à augmenter avec la maturité croissante du produit. Le vieillissement des titulaires de contrats aboutit automatiquement à un accroissement des versements intervenant au moment des décès.
Par ailleurs, les ménages effectuent des arbitrages avec l’immobilier qui bat des records en matière de transactions, plus d’un million en 2019.
Le bon démarrage du PER
Le dernier venu des produits d’épargne retraite, « le Plan d’Épargne Retraite (PER) » rencontre un bon accueil avec 84 000 souscriptions enregistrées d’octobre à décembre 2019. Fin décembre, le montant des versements s’élevait à 485 millions d'euros.
Ce nouveau produit a bénéficié d’un contexte porteur. La loi PACTE prévoit une incitation fiscale pour les épargnants qui souhaitent transférer leur épargne de l'assurance vie vers le PER. Jusqu'au 1er janvier 2023, tout rachat d'un contrat d'assurance vie de plus de 8 ans fera l'objet d'un abattement fiscal doublé par rapport aux règles habituelles, à condition que les sommes soit réinvesties dans un PER et que le rachat soit effectué au moins 5 ans avant le départ en retraite. L’avantage fiscal passe ainsi de 4 600 à 9 200 euros pour un célibataire et de 9 200 à 18 400 euros pour un couple.
À la lecture de ces résultats, il apparaît que les ménages souhaitent tout à la fois investir sur le long terme et conserver un volant d’épargne de précaution important. L’année 2020 apparaît bien comme un carrefour pour l’épargne. Nul n’imagine une remontée rapide des taux compte tenu du ralentissement de la croissance mondiale. Les épargnants devront donc arbitrer entre sécurité, liquidité et rendement.
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