La formation, la mère des batailles
Economie
Le double défi qu’imposent la digitalisation et la mondialisation entraîne une profonde restructuration des emplois. Les pays de l’OCDE sont face au dilemme de monter en gamme ou de connaître un déclin.
La formation durant toute la vie professionnelle devient une impérieuse nécessité pour permettre aux actifs de répondre aux nouvelles exigences du marché. Or, au sein des pays de l’OCDE, chaque année, seulement deux adultes sur cinq suivent une formation. Les adultes les moins qualifiés sont ceux qui sont le moins susceptibles de se former. Ils ont trois fois moins de chances de participer à une formation que les adultes hautement qualifiés (soit une probabilité de 20 % contre 58 %).
D’autres groupes de population sont également désavantagés. Figurent les seniors, les travailleurs à bas salaire, les travailleurs temporaires et les chômeurs.
Selon une enquête de l’OCDE, au sein des États membres de l’organisation, près de la moitié des adultes ne suivent aucune formation et ne souhaitent pas se former. 11 % souhaiteraient se former mais ne le font pas faute de temps, de moyens ou de soutien de la part de leur employeur.
En France, 58 % des actifs n’auraient pas accès à des formations valorisantes contre 41 % pour la moyenne de l’OCDE. 10 % estiment n’en avoir pas besoin. 22 % y ont accès. Seulement 49 % des bénéficiaires jugent ces dernières utiles et 9 % considèrent qu’elles sont notoirement de mauvaise qualité. Dans notre pays, 15 % des personnes à faible qualification ont accès à des module de formation dans l’année. Ce taux est de 13 % pour les salariés de plus de 50 ans et de 16 % pour les demandeurs d’emploi de plus d’un an.
Malgré tout, la France obtient de bons résultats dans certains domaines. Ainsi, plus des deux tiers des salariés ont accès à des modules de formation à partir de leur bureau de manière informelle chaque semaine contre 63 % en moyenne au sein de l’OCDE. Contrairement à quelques idées reçues, la France serait le pays où l’écart entre les demandes et les compétences de employeurs serait le plus faible. 29 % des employeurs estiment avoir des problèmes de recrutement du fait du niveau de compétences des candidats et 31 % des actifs jugent qu’ils rencontrent des problèmes dans leur travail en raison de leur niveau de formation, ces taux sont inférieurs à la moyenne de l’OCDE.
Selon les études réalisées par l’OCDE, près d’un emploi sur sept risque d’être totalement automatisé d’ici dix ans et près de 30 % des emplois pourraient subir des transformations. Les personnes les plus exposées à la transformation digitale sont celles qui bénéficient le moins de la formation professionnelle. Seulement 40 % y ont accès contre 59 % pour les actifs exerçant un métier peu menacé (59 %).
L’OCDE souligne que les entreprises se cantonnent trop souvent à former leurs salariés en matière de santé et de préventions des risques. Ces deux thèmes absorbent plus de de 20 % des heures de formation dans les pays européens. Sans en contester l’utilité, les experts de l’OCDE préconisent que la formation permette de mieux préparer les salariés aux mutations technologiques.
Avec le vieillissement de la population, le défi de la formation se pose avec plus d’acuité mais en réduisant les tâches répétitives, physiques, le digital ne doit pas être vu que sous un angle négatif. Il devrait faciliter le maintien en activité des actifs les plus âgés à la condition qu’ils puissent accéder à de la formation de qualité.
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